Santiago, Chili - Par un dimanche matin radieux au Parque Bustamante, un parc situé au nord-ouest de Santiago du Chili, le bruit familier des skateboards résonne sur le béton, se mêlant aux rires et à un « joyeux anniversaire » improvisé. Mateo, 10 ans, vient d'arriver à son cours hebdomadaire de skateboard, où l’attendait une fête d'anniversaire surprise, organisée par ses camarades skateurs, qui l’accueillent en chantant, avec un gâteau.
Parmi eux, Nahomy, qui vient d'arriver du Venezuela. Elle et Mateo ne se connaissent que depuis deux mois, mais leur passion commune pour le skateboard les a rapprochés et ils ont rapidement lié une amitié sincère.
« Grâce à ce cours, j’ai rencontré des camarades et trouvé de la discipline », déclare Nahomy, 13 ans. « Ici, on apprend à continuer même si on tombe. Et c'est plus facile de se faire des amis en s’amusant. »
Pour Mateo, les séances du dimanche sont synonymes de joie et d’amitié : « Voir mes amis, faire du skateboard, attendre les chutes - qui sait ! »
Mateo et Nahomy sont deux des 30 enfants et adolescents chiliens et migrants qui participent à un atelier de skateboard organisé par l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) au Chili et l'Académie Skatesencia, un partenaire local. Avec pour objectif de promouvoir le respect, la cohésion sociale et la coexistence pacifique, ces ateliers vont au-delà du simple entraînement sportif et aident les jeunes à développer leur estime de soi et leur confiance, et à renforcer les liens sociaux.
« Faire une activité amusante permet de se rapprocher des autres », explique Nahomy. Sa mère, María, confirme : « Ma fille aime beaucoup ces moments. C'est une excellente idée parce qu'elle rapproche les immigrés et les locaux et nous aide à nous intégrer à la société grâce au sport. De plus, les enfants peuvent apprendre de nouvelles choses et développer des valeurs comme l'amitié ».
Le programme mêle leçons pratiques et théoriques : les enfants apprennent à connaître les différentes pièces d'un skateboard et à maîtriser des sauts, en passant par les figures telles que les ollies et les kickflips. Mais plus que les compétences techniques, c'est une communauté qui se construit véritablement.
Pendant que les enfants s'entraînent, leurs familles se rassemblent à proximité, discutent, les encouragent, voire s'essaient elles-mêmes au skateboard. Au fil du temps, une vraie relation se créé entre les parents, transformant le skatepark en un espace partagé idéal pour tisser des liens.
Cette initiative a également été mise en œuvre en décembre dernier dans les régions frontalières d'Arica et de Parinacota, ainsi qu'à Tarapacá, où 30 autres enfants et adolescents ont pu participer à des ateliers similaires.
Brithany, originaire du Venezuela, a participé au premier atelier en mars 2024 et est revenue pour le deuxième en octobre, cette fois avec son jeune frère, Jahaziel. Jahaziel, qui se contentait au départ d'observer, s'est rapidement mis à apprendre avec l'aide des professeurs. Leur mère, Érica, a pu constater tous les bénéfices de ce programme : « Ils entretiennent une belle amitié avec tous les enfants. Et nous, les parents, aussi - cela a créé des liens entre tout le monde ».
Romina, mère d'Amanda, une participante chilienne-brésilienne, partage cet avis : « Amanda s'est fait des amis et a appris des valeurs liées à la résilience, au courage et à la nécessité d'être fort. » Amanda elle-même le résume avec ses mots : « J'aime partager et apprendre de nouvelles valeurs et de nouvelles figures ».
Au fond, cet atelier de skateboard est bien plus qu’une histoire de planches à roulettes et de rampes. Il fait bouger les lignes et a permis de rassembler des personnes de toutes origines.
Cet article a été rédigé par Francisca Salinas, assistante en communication, OIM Chili.