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Se mettre en sécurité et perdre ses rêves, le conflit à Goma compromet l’avenir des étudiants

Kigali, Rwanda – Dans un centre de transit à Kigali, au Rwanda, Jacques, Joshua et Ange, trois étudiants camerounais, sont assis tranquillement, réfléchissant à la façon dont ils se sont retrouvés ici. Il y a quelques semaines, ils poursuivaient leurs études à Goma, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC).

Il y a seulement 12 jours, ils ont été soudainement contraints de fuir vers le Rwanda voisin - à quelques kilomètres de là - lorsque des combats ont éclaté entre le groupe armé M23 et les forces gouvernementales. Les violences récentes ont entraîné le déplacement de plus de 110 000 personnes et près de 3 000 auraient été tuées, selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA).

Joshua se souvient du moment où le conflit les a atteints.

« J’ai été réveillé par le bruit des tirs. Ils ont commencé le matin, puis à midi, et enfin le soir. Nous nous sommes retrouvés au milieu d’une crise grave et dangereuse. Nous n’avions pas d’électricité, pas de réseau et aucun moyen de contacter nos familles. Je me suis enfermé dans ma maison, en espérant que le calme revienne ».

Joshua s’était rendu en RDC pour poursuivre des études de médecine, car l’accès à l’enseignement médical était limité au Cameroun.

« Lorsque je recherchais une école, je suis tombé sur Goma. Je ne savais pas qu’il y avait une crise en cours avant d’arriver. Les habitants m’ont rassuré en me disant que je serais en sécurité. C’était gérable - jusqu’au jour où les violences et les combats ont commencé ».

Alors que la situation sécuritaire se détériorait, les étudiants ont été confrontés à une décision difficile : rester à Goma et risquer leur vie ou fuir vers une destination incertaine. Ils ont décidé d’essayer d’atteindre la frontière de la RDC avec le Rwanda.

« Nous avons décidé de nous déplacer en groupe », explique Ange. « À ce moment-là, nous ne savions même pas où nous allions atterrir. Nous voulions juste quitter Goma ». 

Le coût de la sécurité

Lorsque Jacques, Joshua et Ange sont arrivés au Rwanda, ils ont été accueillis par des Camerounais qui leur ont offert un abri et du soutien. Grâce à ces contacts, ils ont appris l’existence de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) au Rwanda.

« Je n’avais jamais entendu parler de l’OIM auparavant », admet Jacques. « C’est un ami qui nous a mis en contact avec l’Organisation ». 

L’OIM a fourni à Ange, Jacques et à d’autres étudiants de la nourriture, un logement et une sécurité. Sur les 56 étudiants qui ont fui la violence et sont arrivés au centre de transit de l’OIM à Kigali, 40 ont déjà reçu une aide au transport.

« Nous étions enfin en sécurité », déclare Ange. « Mais l’adaptation à cette nouvelle réalité a été difficile ».

De nombreux étudiants ont dû partir sans leurs passeports et autres documents d’identité importants, ce qui rend incertaine leur possibilité de rentrer dans leurs lieux d’origine.

« Certains d’entre nous veulent rentrer chez eux, mais nous n’avons même pas de passeport », explique Ange. « Nos documents sont bloqués à Kinshasa et certains d’entre nous ont des passeports sans visa ».

L’éducation est une autre préoccupation majeure. Non seulement leurs établissements scolaires ont fermé, mais certains de leurs dossiers académiques ont été perdus, ce qui rend difficile le transfert vers d’autres institutions en dehors de la RDC.

« Je dois retourner dans mon pays pour obtenir mes papiers », explique Ange. « De cette façon, je pourrai continuer mes études ailleurs ».

L’OIM continue de fournir une aide vitale aux personnes déplacées par le conflit dans l’est de la RDC. L’Organisation travaille avec ses partenaires pour trouver des solutions qui permettront aux étudiants déplacés comme Ange, Jacques et d’autres d’être rentrés chez eux et de poursuivre leurs études.

Cependant, face à la persistance de la violence dans l’est de la RDC, l’espoir de rentrer au pays s’amenuise. L’OIM et d’autres partenaires humanitaires lancent un appel urgent de fonds d’un montant de 50 millions de dollars pour répondre aux besoins humanitaires immédiats des personnes déplacées en RDC et dans les pays voisins. Ils appellent également à un effort international concerté pour s’attaquer aux causes profondes de la violence et de l’instabilité qui sévissent dans l’est de la RDC depuis des années.

Article rédigé par Saad Bin Hamid, Responsable de la communication de l’OIM au Rwanda. 

SDG 4 - ÉDUCATION DE QUALITÉ
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SDG 16 - PAIX, JUSTICE ET INSTITUTIONS EFFICACES
SDG 17 - PARTENARIATS POUR LA RÉALISATION DES OBJECTIFS
Rédigé par
Saad Bin Hamid

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