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Un retour loin de celui qu'ils imaginaient, mais avec l'espoir de revenir dans un pays qui connaît toujours leur nom

« Lorsque les combats ont commencé, nous avons vécu dans la peur tous les jours », se souvient-elle. « Nous ne savions pas si nous allions survivre. Nous ne trouvions plus de quoi manger et les couvre-feux nous obligeaient à rester à l'intérieur. Je voulais juste que mes enfants vivent. »

Aziza a finalement réussi à fuir le Soudan avec ses enfants. « Lorsque nous sommes arrivés à Jebellen, je leur ai dit : « À partir de maintenant, n'ayez plus peur, nous sommes en sécurité ». »

Le retour au pays d'Aziza n'est qu'une des nombreuses histoires de résilience et de courage que pourraient raconter les plus d'un million de personnes qui ont fui le chaos au Soudan pour retourner au Soudan du Sud. Ces histoires constituent le visage humain de l'une des plus importantes crises de déplacement au monde, déclenchée par le début du conflit au Soudan en avril 2023.

Le long chemin du retour

Kan Michael Yen, un jeune homme de 25 ans originaire du comté d'Akobo, situé à environ 450 kilomètres au nord-est de Djouba, la capitale du Soudan du Sud, a vécu au Soudan pendant la majeure partie de sa vie - 25 ans - avant que le conflit ne l'oblige à fuir.

« Une nuit, ils sont venus chez moi et m'ont menacé avec une arme », a-t-il déclaré. « Ils voulaient me recruter. J'ai fait semblant d'accepter, puis je me suis enfui la nuit-même.

Kan est rentré seul au Soudan du Sud, espérant atteindre Djouba où il a de la famille. « Mon père est mort et je suis le seul à pouvoir subvenir aux besoins de mon jeune frère et de notre mère. Le fait d'être de retour dans mon pays est un soulagement. C'est chez moi. »

Amani Tia Elias, du Kordofan méridional, raconte une histoire similaire, car elle aussi a dû fuir dans la violence. « Les forces armées ont tout pillé. Elles nous ont laissés sans rien. Nous avons fui avec nos enfants, traumatisés par les tirs, sans savoir ce qui nous attendait. »

Sa famille a finalement réussi à se rendre au Soudan du Sud avec l'aide d'organisations humanitaires. « Lorsque nous sommes arrivés, la paix régnait. Nous étions en sécurité », dit-elle, la voix tremblante. « Ce que je souhaite maintenant, c’est trouver un emploi, envoyer mes enfants à l'école et retrouver une vie normale. »

Un cycle de conflits

Pour certains, comme Susan Joseph de Malakal, la guerre au Soudan est un douloureux déjà-vu. « J'avais déjà fui le Soudan du Sud il y a neuf ans, après avoir vu deux de mes proches se faire tuer », explique-t-elle. « Je pensais que je ne reverrais jamais la guerre. » 

Mais lorsque le conflit a éclaté au Soudan, Susan a à nouveau dû fuir. « Ma maison au Soudan a été réduite en cendres. Ici, au moins, je me sens en sécurité. Je remercie Dieu pour cela. »

Le mari de Susan a été tué lors de violences intercommunautaires dans les camps de protection du Soudan du Sud en 2017. Depuis, elle élève seule ses enfants. Malgré les difficultés et les traumatismes, elle reste déterminée : « Je vais tout faire pour survivre ici. J'espère que les choses vont s’améliorer. »

L'espoir malgré la guerre

À Bentiu, Kawai Kuol vit dans un camp de déplacés surpeuplé après avoir fui Khartoum. « Nous avons emprunté des routes dangereuses où les soldats séparaient les hommes des femmes. Mais les femmes ont refusé de nous quitter. Elles disaient : « Si vous voulez tuer, tuez-nous tous ». Cette solidarité nous a sauvé la vie. »

Bien que la ville de Bentiu soit toujours sujette à des tensions liées à l’instabilité et aux inondations, Kawai tente de se reconstruire. « Nous sommes arrivés sans rien. Mes proches partagent le peu qu'ils ont. C'est notre culture. Nous survivons ensemble. »

Les larmes aux yeux, il ajoute : « Dieu m'a protégé. J'ai survécu à deux guerres. Maintenant, je veux juste la paix, cultiver la terre et vivre. »

Regarder vers l'avenir

Le Soudan du Sud est un pays en proie à ses propres défis - inondations, tensions économiques et instabilité politique - mais pour ceux qui rentrent au pays, le simple fait d'être chez eux apporte un profond soulagement émotionnel.

L'OIM et d'autres agences humanitaires continuent de fournir un soutien vital aux rapatriés : de la nourriture, des soins médicaux, des moyens de transport et une protection dont ils ont cruellement besoin. Mais les ressources sont limitées et les besoins sont immenses.

Pourtant, au milieu de tout cela, la résilience du peuple sud-soudanais est étincelante. Leurs histoires ne sont pas seulement des histoires de douleur et de perte, mais elles racontent aussi la force, l'amour et l'espoir.

« Je veux juste vivre en paix et élever mes enfants », déclare Aziza. « C'est tout ce que nous voulons tous. »

Et s’il retrouve la paix, peut-être que le Soudan du Sud ne sera pas seulement un lieu de retour, mais le lieu de d’un nouveau départ.

Cet article a été rédigé par Kennedy Okoth, chargé de communication (Afrique et Moyen-Orient).

SDG 3 - BONNE SANTÉ ET BIEN-ÊTRE
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Rédigé par
Kennedy Okoth

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