Modi (à droite) au centre YMCA local, où est bénévole chaque semaine pour aider les jeunes Kenyans à la recherche d'un emploi à l'étranger. Photo : OIM Kenya/Janet Adongo

Comté de Kilifi, Kenya - « Honnêtement, je ne sais pas comment ma famille aurait survécu si ma femme n'avait pas eu la possibilité de travailler à l'étranger », déclare Modi, qui a grandi le long de la côte kenyane. « La vie était très difficile et les rares emplois disponibles étaient mal rémunérés. Mais grâce à l'argent que ma femme nous envoie d'Arabie saoudite, notre vie a changé. »

Bien que sa ville natale, dans le comté de Kilifi, soit une destination touristique internationale populaire, avec ses plages de sable blanc et ses hôtels cinq étoiles, elle accueille également de nombreuses familles pauvres et connait des défis sociaux importants, notamment un chômage généralisé, le travail et l'exploitation des enfants, l'exploitation sexuelle et la traite des êtres humains, ce qui pousse de nombreuses personnes à chercher des occasions de partir.

L'épouse de Modi, Aisha, était l'une des rares personnes de son quartier à avoir la possibilité de se rendre à l'étranger pour travailler. En mai 2023, grâce à l'aide d'une agence pour l'emploi agréée, Aisha a trouvé un emploi au Royaume d'Arabie saoudite.

« Ma femme travaille maintenant comme maîtresse de maison en Arabie saoudite, et nous sommes extrêmement heureux », a déclaré Modi.

Grâce à son emploi à l'étranger, Aisha a pu envoyer chaque mois environ 1 200 $ US à son mari et à leurs deux filles.

« Grâce à l'argent qu'elle envoie, nous avons pu payer les études de nos filles et nous sommes en train de construire une maison de location ; pas n'importe quelle maison, mais un ensemble de huit logements locatifs grâce auquel nous espérons obtenir un revenu supplémentaire pour subvenir aux besoins de nos enfants et de notre famille élargie », a expliqué Modi.

Mohammed Juma (Modi) au milieu des fondations des logements que sa femme et lui sont en train de construire grâce aux envois de fonds. Photo : OIM Kenya/Janet Adongo

La situation de Modi n'est pas isolée. Selon le Bureau national des statistiques du Kenya, le nombre de membres de la diaspora kenyane n'a cessé d'augmenter et s'élève actuellement à plus de 4 millions de personnes. Les envois de fonds, qui constituent la principale source d'entrées financières étrangères dans le pays, s'élevaient à 4,2 milliards de dollars US en 2023, ce qui fait du Kenya le troisième bénéficiaire des envois de fonds en Afrique subsaharienne.

Cela permet à des familles comme celle de Modi de financer et d'acheter des biens de base, de se loger et de payer l'éducation et les soins de santé de leurs enfants. Les envois de fonds fournissent également des capitaux pour les petites entreprises et les activités entrepreneuriales, ce qui permet de canaliser les ressources vers des programmes de développement national et d'autres investissements. Selon la Banque centrale du Kenya, les envois de fonds représentent environ 3 % du produit intérieur brut du pays.

Modi lors de la formation sur le recrutement éthique organisée par Pwani Youth Network dans le comté de Kilifi, au Kenya. Photo : OIM Kenya/Janet Adongo

Modi estime que le fait qu’il soit bien renseigné a aidé sa femme à comprendre comment émigrer en toute sécurité à l'étranger pour trouver du travail et que cela a été déterminant pour sa réussite.

En effet, en 2023, Modi a participé à une formation organisée par l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) sur le thème « Promouvoir un canal de migration de main-d'œuvre sûr et sensible au genre ». Cette formation était soutenue par le programme « Meilleure gestion régionale des migrations » (BRMM), financé par le Bureau des Affaires étrangères et du Commonwealth, qui vise à améliorer la gouvernance des migrations pour le travail et la protection des travailleurs migrants et des membres de leur famille grâce à une approche englobant l'ensemble du gouvernement et de la société.

Au cours de cette formation, les participants ont appris à trouver et à utiliser des agences de recrutement agréés, à se protéger des abus et de la traite des êtres humains une fois à l'étranger, à connaître les vulnérabilités auxquelles sont confrontés les travailleurs migrants hommes et femmes, à contacter le bureau consulaire ou l'ambassade du Kenya dans le pays de destination et, surtout, selon Modi, à déchiffrer les contrats pour s'assurer un salaire équitable et éviter de ne pas être payé ou d'être exploité. Sans cette formation, Modi pense qu'il n'aurait pas pu conseiller sa femme et que lui et ses filles n'auraient pas reçu les envois de fonds dont ils dépendent pour survivre. 

Sans informations appropriées, de nombreux travailleurs migrants sont victimes de personnes qui cherchent à les exploiter, selon le partenaire de l'OIM, Pwani Youth Network, qui a organisé la formation. 

« Nous connaissons de nombreux cas de travailleurs kenyans émigrés qui ont été exploités dans leur travail », a déclaré M. Odhiambo, formateur du Pwani Youth Network. « Ils ne sont pas payés, ou mal payés, et sont donc incapables d'obtenir le revenu dont ils ont tant besoin pour envoyer leur argent à leur famille. Cela va à l'encontre de l'objectif de l'émigration pour de nombreuses personnes qui souhaitent seulement gagner de l'argent pour envoyer des fonds à leur famille. »

Aujourd'hui, Modi donne bénévolement des informations et des conseils aux membres de sa communauté qui souhaitent partir à l'étranger pour trouver du travail. Chaque semaine, Modi est bénévole au YMCA local, où il répond aux questions et aux inquiétudes de ses compatriotes concernant le travail à l'étranger. 

Au Kenya, l'OIM a formé plus de 200 agences de recrutement privées (PRA) au Système international d'intégrité du recrutement (IRIS) en 2023, qui est un programme phare visant à renforcer la capacité des PRA à promouvoir des pratiques de recrutement éthiques. L'OIM Kenya travaille actuellement avec le gouvernement du Kenya pour aider à réduire le coût des envois de fonds entre le Royaume-Uni et le Kenya dans le cadre d'un projet financé par le Bureau des Affaires étrangères et du Commonwealth.

Pour plus d'informations, de données et d'analyses sur les tendances en matière d’envois de fonds et d'autres changements importants dans les schémas migratoires mondiaux, consultez le Rapport sur l’état de la migration dans le monde 2024 de l'OIM.


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SDG 8 - TRAVAIL DÉCENT ET CROISSANCE ÉCONOMIQUE
SDG 10 - INÉGALITÉS RÉDUITES