Toudou Wada (région de Diffa), 23 novembre 2023 - Du haute de la colline de Toudou Wada, une communauté villageoise du sud-est du Niger, Gana Ousmane est prête pour une nouvelle journée de bénévolat. En tant que femme déplacée, elle travaille sur le terrain aux côtés de dizaines d’autres autour d’un « seko », un abri au toit de chaume, avec un sentiment palpable à la fois d’espoir et de vulnérabilité.  

Chaque nouvel arrivant reçoit un ticket numéroté qui le dirige vers de grandes nattes à l’ombre d’arbres imposants, offrant un répit face au soleil brûlant du matin. Les numéros passent de 10 à 20, puis 30, jusqu’à une centaine de personnes. Elles se rassemblent ici, en attendant d’accéder à une aide médicale dans la clinique mobile qui arrive. 

« La clinique mobile offre aux femmes une multitude de services. Avant son arrivée, bon nombre n’avaient pas les moyens de se payer une consultation », déclare Gana. « Même celles qui avaient les moyens de se payer des examens gynécologiques ne pouvaient pas les passer à temps en raison des longues files à la maternité de la clinique, les obligeant à rebrousser chemin. » 

Gana Ousmane, représentante des femmes déplacées dans le village de Toudou Wada. Photo : OIM 2022/Aïssatou Sy 

Depuis 2022, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) collabore avec Cooperazione Internazionale (COOPI) pour donner accès aux soins médicaux dans les communautés, notamment dans le cadre des violences fondées sur le genre, à ceux qui fuient les groupes armés dans les communes isolées de la région de Diffa, au Niger. 

Cette opération concerne notamment le village de Toudou Wasa, situé dans la commune de Mainé Soroa, où la clinique mobile passe six jours par semaine. Le camp est peuplé d’environ 3 100 personnes, dont des Nigériens et quelques réfugiés nigérians, représentant 517 familles qui avaient fui la violence à la frontière avec le Nigéria pendant la crise du bassin du Lac Tchad en 2015.  

Le déploiement de cliniques mobiles atténue la pression sur les structures médicales étatiques, débordées par l’afflux de personnes cherchant refuge. Opérationnelle dans la commune de Mainé Soroa depuis avril 2022, la clinique mobile soutient considérablement l’hôpital du district et le centre urbain de soins intégrés, faisant des dons de médicaments, menant à bien des missions de supervisions conjointes, fournissant un soutien logistique et déployant des cliniques mobiles dans les zones isolées. 

Les populations reçoivent des tickets pour être examinées à la clinique mobile dans le village de Toudou Wada. Photo : OIM 2022/Aïssatou Sy 

« La clinique mobile fournit une aide indispensable », déclare le Dr. Ismael Yelami, responsable du projet de santé de COOPI. « Le soutien en matière de santé mentale est intégral, en particulier pour les femmes qui sont confrontées à une vulnérabilité accrue et qui souffrent de troubles post-traumatiques, de psychose et de dépression. Ainsi, nos efforts supplémentaires de protection sont principalement centrés sur les femmes et les enfants.  

L’un des objectifs centraux des cliniques mobiles est d’offrir des interventions et des services de réponse aux violences fondées sur le genre et de proposer des programmes spécialisés pour lutter contre les violences faites aux femmes dans le cadre du conflit et d’autres formes de violences fondées sur le genre que subissent les populations touchées par une crise.  

Gana Ousmane contribue activement au programme de la clinique mobile, en veillant à ce que toutes les femmes puissent avoir accès à ces services. 

Le village de Toudou Wada est situé dans la commune de Maine Soroa. Photo : OIM 2022/Aïssatou Sy 

Grâce à la présence de la clinique mobile, l’accès aux consultations de santé reproductive et au soutien en matière de santé mentale pour les femmes souffrant de dépression et de psychose s’est fortement amélioré. Les femmes bénéficient également de services de protection visant à prévenir les violences fondées sur le genre et à soutenir les survivantes. 

« Environ les deux tiers des femmes bénéficient des interventions de protection », déclare Gana. « Dans de nombreux cas, il s’agit de violence domestique, de violence physique, de harcèlement verbal, de refus de services et si elles ont des ressources, leurs maris peuvent prendre leur argent sans rien leur donner en retour. » 

Selon elle, de nombreux enfants ont également été épargnés par les mariages forcés et précoces grâce aux campagnes de sensibilisation organisées dans le cadre de l’initiative de clinique mobile. La prise en charge clinique du viol est assurée, tout comme la distribution de kits de dignité et la fourniture d’un soutien en matière de santé mentale. Lentement, les femmes commencent à guérir de leurs expériences traumatisantes et leur situation se stabilise. 

« Les femmes se sentent plus protégées maintenant », conclut Gana.  

Des femmes attendent d’être examinées à la clinique mobile dans le village de Toudou Wada. Photo : OIM 2022/Aïssatou Sy 

« Les cliniques mobiles fournissent des soins médicaux, un soutien psychosocial et des services de protection et d’orientation à un nombre considérable de personnes, facilitant l’accès à des services centrés sur les survivants », déclaré Idrissa Sompare, chef de mission de l’OIM au Niger. 

« L’initiative vise à s’attaquer aux causes profondes des violences fondées sur le genre en fournissant un accès équitable aux services de protection pour toutes les personnes touchées par la crise, en particulier les femmes et les filles, tout en garantissant leur sécurité et leur dignité. » 

Les cliniques mobiles ont fourni un soutien médical et psychosocial ainsi qu’une protection à plus de 26 000 personnes dans la région de Diffa, notamment aux femmes vulnérables, entre janvier 2022 et juin 2023.  

L’initiative de cliniques mobiles est mise en œuvre dans le cadre du projet « Améliorer la gestion des frontières et la résilience communautaire dans le cadre de la criminalité organisée transfrontalière au Niger, au Mali et en Burkina Faso, en mettant l’accès sur l’itinéraire de la Méditerranée centrale », financé par le Ministère italien des affaires étrangères et de la coopération internationale.  

SDG 3 - BONNE SANTÉ ET BIEN-ÊTRE
SDG 5 - ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES
SDG 10 - INÉGALITÉS RÉDUITES