Pacaraima, 3 avril 2023 –  Euclimar G., son mari Josfenix et son fils Dylan, deux ans, ont pris la route qui traverse la frontière à l'aube, dans l'espoir de prendre de l'avance avant l'apparition de la chaleur torride de la savane du nord du Brésil. « La vie au Venezuela est devenue difficile et nous avons ressenti le besoin de partir », explique Euclimar, 24 ans, au milieu du bruit, de la foule et des files d'attente à Pacaraima, une ville du nord du Brésil située juste de l'autre côté de la frontière avec le Venezuela et principal point d'entrée au Brésil pour des milliers de migrants.

Au terme de leur long et difficile périple transfrontalier, Euclimar et d'autres Vénézuéliens sont accueillis au poste d'accueil et de soutien de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) à Pacaraima. Le poste offre un hébergement pour la nuit, de la nourriture, une protection et des services d'hygiène aux migrants et aux réfugiés qui viennent d'arriver au Brésil, ainsi qu'à ceux qui attendent des papiers d'état civil et qui ne sont pas hébergés dans des abris à plus long terme.

Vue aérienne des migrants vénézuéliens nouvellement arrivés à Pacaraima, au nord du Brésil. Photo : OIM/Gema Cortes

Une jeune fille vénézuélienne entourée de valises attendant les procédures d’immigration à Pacaraima, au Brésil. Photo : OIM/Gema Cortes

Sous un soleil de plomb, des migrants vénézuéliens font la queue pour les procédures d’immigration à Pacaraima, une ville frontalière du nord du Brésil. Photo : OIM/Gema Cortes

Des migrants vénézuéliens font la queue pour les procédures d’immigration à leur arrivée au Brésil. Photo : OIM/Gema Cortes

Operação Acolhida, ou « Opération bienvenue », constitue la réponse humanitaire et l'accueil fournis par le gouvernement fédéral brésilien à Roraima, l'un des États les moins développés et les moins peuplés du Brésil, en réponse à un afflux historique de migrants et de réfugiés arrivant du Venezuela depuis 2017. Il a été reconnu comme un modèle pour la région.

Plus de 800 000 Vénézuéliens ont traversé vers le Brésil par sa frontière nord ces dernières années, à la recherche de soins médicaux, de nourriture et de nouvelles opportunités.

L'Opération bienvenue repose sur trois piliers : (1) la gestion des frontières, qui fournit aux migrants et aux réfugiés un accueil, une identification, des documents, des soins médicaux de base et une vaccination ; (2) l'hébergement dans les villes frontalières, comprenant également fourniture de nourriture, d’une éducation, de soins médicaux et psychologiques et d’une protection sociale ; et (3) la réinstallation volontaire dans d'autres régions du Brésil où ils ont un meilleur accès aux opportunités économiques et à l'intégration.

Des femmes vénézuéliennes câlinent un bébé en attendant de passer par la procédure d’immigration. Photo : OIM/Gema Cortes

Le personnel de l'OIM met les migrants vénézuéliens en rang, y compris les personnes handicapées. Photo : OIM/Gema Cortes

La famille d'Euclimar traverse la frontière pour la deuxième fois. Malgré un avenir incertain et sans argent en poche, ils espèrent avoir une nouvelle chance de reconstruire leur vie à Boa Vista, la capitale de l'État de Roraima. « Nous le faisons pour mon fils, pour lui offrir une meilleure qualité de vie », dit-elle en faisant la queue avec des centaines d'autres Vénézuéliens qui viennent d’arriver à la frontière.

À la fin de la journée, à Pacaraima, une longue file d'attente s'étend devant le poste, au-delà de la clôture et au coin de la rue, alors que 450 personnes viennent chercher un moment de répit. Chaque jour, un lit, une douche, de la nourriture et un soutien psychosocial sont offerts aux migrants et aux réfugiés en situation de déplacement.

Dianora, 44 ans, voyage avec sa fille qui des besoins spéciaux, ses fils adolescents et sa mère âgée de 60 ans. Photo : OIM/Gema Cortes

Le personnel de l'OIM vaccine un migrant vénézuélien à son arrivée au Brésil. Photo : OIM/Gema Cortes

Dianora L., 44 ans, voyage avec sa fille qui a des besoins spéciaux, ses deux fils adolescents et sa mère de 60 ans, originaire de l'État de Bolivar, au Venezuela. La famille se rend à Brasilia pour retrouver le mari de Dianora, le père des enfants, qui y travaille depuis cinq ans. « Ce fut difficile de quitter mon pays, mais je suis très reconnaissante d'avoir l'opportunité de venir au Brésil et de retrouver mon mari », explique-t-elle les yeux pleins de larmes. « Nous cherchons avant tout à prendre un nouveau départ. Et à offrir un avenir meilleur à nos enfants ».

Carte des routes migratoires au Brésil : Cette carte présente une vue d'ensemble des routes migratoires empruntées en Amérique du Sud et n'est utilisée qu'à des fins d'illustration. Les frontières et les noms indiqués, ainsi que les désignations utilisées sur cette carte n'impliquent pas l'approbation ou l'acceptation officielle de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Sous le soleil brûlant de l'après-midi, Daniel Q., 44 ans, et son fils Jordanis, 11 ans, jouent aux dominos au poste d’accueil. Malgré la douleur de laisser leurs proches derrière eux, c'est un sentiment de grand espoir qui les a poussés à émigrer. Daniel veut retrouver son frère aîné à Curitiba, dans le sud du Brésil, où un emploi décent l'attend. « Nous traversons une période difficile en quittant notre pays, mais cela en vaudra la peine si je peux offrir à mon fils un avenir meilleur et envoyer de l'argent à ceux que j'ai laissés derrière moi », déclare l'ancien poissonnier de l'État vénézuélien.

Une assistance opportune fait la différence pour les centaines de personnes qui arrivent chaque jour par la frontière, explique Priscila Leite, coordonnatrice de l'OIM sur le terrain à Pacaraima. « L'OIM travaille main dans la main avec l' « Opération bienvenue » du gouvernement brésilien, à tous les stades de la réponse, depuis les points d'information à l'arrivée jusqu’à la réinstallation interne volontaire en passant par le soutien médical et psychosocial et l'hébergement pour la nuit. Nous avons déjà aidé des dizaines de milliers de Vénézuéliens à reconstruire leur vie, dans la dignité, au Brésil ».

Daniel, 44 ans, et son fils Jordanis, 11 ans, dans un centre d'hébergement temporaire à Pacaraima. Photo : OIM/Gema Cortes

Daniel et Jordanis jouent aux dominos avec d'autres migrants. Photo : OIM/Gema Cortes

Le personnel de l'OIM enregistre les migrants pour le centre d'hébergement temporaire. Photo : OIM/Gema Cortes

Une jeune fille vénézuélienne reçoit de l'eau potable dans un centre d'hébergement temporaire. Photo : OIM/Gema Cortes

Un « village de l’espoir »

Jose R. et son fils Pedro vivent dans une cabane à Vila Esperança, ou Village de l'espoir, un campement spontané établi par des migrants et des réfugiés vénézuéliens à Pacaraima. « Au moins maintenant, une journée de travail nous permet de manger et même d'envoyer un peu d'argent chez nous », confie Pedro en préparant des haricots et du riz pour le déjeuner. Ils sont arrivés au Brésil il y a cinq ans.

Plus de 155 personnes vivent dans ce bidonville délabré de la ville frontalière de Pacaraima, dans des huttes construites avec du bois recyclé, de la ferraille et de la boue. Au total, la ville compte 15 campements spontanés sur son territoire, où les migrants et les réfugiés acquièrent de la valeur en interagissant et en vivant de manière plus indépendante, en prenant leurs propres décisions. Presque tous les résidents vénézuéliens de ces camps sont sans emploi et vivent de l'aide humanitaire et des prestations gouvernementales. L'OIM fournit régulièrement un soutien médical et psychologique ainsi qu'une aide juridique.

Vue aérienne du personnel de l'OIM entrant dans le Village de l'espoir, un campement spontané établi par des Vénézuéliens à Pacaraima. Photo : OIM/Gema Cortes

Jose et son fils Pedro vivent dans une cabane construite avec du plastique noir et des branches à Pacaraima. Photo : OIM/Gema Cortes

Le personnel de l'OIM évalue les besoins des migrants vénézuéliens dans le Village de l'espoir. Photo : OIM/Gema Cortes

Regina L., une ancienne enseignante qui a quitté son emploi au Venezuela parce que son salaire était insuffisant, explique ses projets pour de meilleures conditions à l'avenir. « Quel était mon plus grand rêve ? », dit-elle. « Voir mes fils avoir un bel avenir ; j'espère que ma fille Laura, qui est adolescente, étudiera la médecine dentaire. Regina a ouvert un centre communautaire pour les enfants migrants dans le village de l'espoir.

Alors qu'ils tentent de persévérer, de retrouver espoir et de se construire une nouvelle vie dans leur nouvel environnement, les Vénézuéliens suivent de près les nouvelles du pays, principalement par le biais de messages WhatsApp et d'appels téléphoniques avec ceux qui sont restés au pays.

Jose R. a laissé quatre enfants au Venezuela, et son plus grand espoir est de les retrouver et de les avoir bientôt près de lui. « Nous communiquons tous les jours par WhatsApp et j'ai hâte de les avoir avec moi », dit-il avec émotion en regardant la dernière photo qu'il a reçue d'eux.

Regina, une ancienne enseignante vénézuélienne qui vit dans le Village de l'espoir. Photo : OIM/Gema Cortes

Des migrants vénézuéliens au poste d'accueil et de soutien de l'OIM. Photo : OIM/Gema Cortes

Cette histoire a été écrite par Gema Cortés, Unité des médias et de la communication de l'OIM, Bureau de l'Envoyé spécial pour la réponse régionale à la situation vénézuélienne.

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