Quito, 9 mars 2023 – Ricardo Gutierrez et sa famille n'avaient pas la moindre idée de ce que l'avenir leur réservait lorsqu'ils ont quitté leur maison dans la ville vénézuélienne de Barinas dans un contexte de pénurie de nourriture et de médicaments, il y a quatre ans.

« C'était difficile de quitter notre pays pour améliorer nos vies et de devoir dormir par terre et repartir de zéro à l'étranger », dit-il en se souvenant de leurs premiers jours en Équateur.

Aujourd'hui, les rêves de ce comptable bancaire de 37 ans sont devenus réalité puisqu'il a obtenu un visa de résidence temporaire en Équateur, dans le cadre de la régularisation extraordinaire des Vénézuéliens dans le pays. Cela lui permettra d'avoir un contrat de travail régulier, y compris une assurance médicale, dans l'auto-école où il travaille.

« Je suis très heureux. Ce visa apportera une stabilité émotionnelle et économique à ma femme et à mes deux filles ici en Équateur », confie Ricardo, submergé par l'émotion.

Il espère également que la régularisation facilitera l'accès régulier aux médicaments dont il a besoin, car, sans documents appropriés, il ne pouvait pas recevoir de traitement pour son cancer.

Comptant près d'un demi-million de ressortissants vénézuéliens, l'Equateur accueille la troisième plus grande population de migrants vénézuéliens au monde. Photo : OIM/Gema Cortés

Comptant près d'un demi-million de ressortissants vénézuéliens, l'Équateur accueille la troisième plus grande population de migrants vénézuéliens au monde, après la Colombie et le Pérou. Pourtant, la plupart d'entre eux restent sans papiers, ce qui les empêche de se construire un avenir meilleur dans le pays. Beaucoup utilisent la nation andine comme pays de transit vers d'autres pays d'Amérique du Sud, comme le Pérou et le Chili.

Le statut juridique change tout

Le processus de régularisation du pays, en place depuis an, est essentiel à la construction d'une vie productive pour les migrants vénézuéliens. Il leur permet d'accéder au marché du travail et au système de sécurité sociale, et facilite leur accès aux droits et aux services de base tels que les soins de santé et l'éducation.

Les Vénézuéliens doivent d'abord entreprendre les démarches biométriques en ligne auprès du Ministère de l'intérieur. Après avoir obtenu le certificat migratoire, ils peuvent s'inscrire sur une plateforme en ligne gérée par le Ministère des affaires étrangères et de la mobilité humaine, demander le visa de résidence temporaire d’exception pour deux ans et obtenir une carte d'identité équatorienne.

L'OIM soutient le gouvernement équatorien dans le processus de régularisation. Photo : OIM/Gema Cortés

Depuis juin 2022, plus de 104 000 personnes ont terminé leurs démarches migratoires biométriques, parmi lesquelles 55 000 Vénézuéliens ont demandé un visa. En février 2023, près de 41 000 ont reçu leur visa de résidence temporaire. Des milliers d'autres personnes en sont toujours à l'une des étapes du plan.

C'est la deuxième fois que l'Équateur prend des mesures pour régulariser les migrants et réfugiés vénézuéliens. Lors d'un précédent exercice de régularisation extraordinaire, organisé en 2019 et 2020, près de 51 000 Vénézuéliens avaient vu leur statut régularisé.

L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) soutient le gouvernement équatorien dans cette initiative, en offrant son expertise, ses capacités, sa présence et ses ressources pour continuer à renforcer le processus et veiller à ce que personne ne soit laissé pour compte.

« La régularisation est essentielle pour faciliter leur intégration socioéconomique et constitue une porte vers la pleine inclusion », a déclaré Jose Ivan Davalos, chef de mission de l'OIM en Équateur. « Elle apporte également des avantages non seulement aux migrants eux-mêmes, mais aussi aux communautés d'accueil au sein desquelles ils cherchent la sécurité ».

Un migrant vénézuélien entame les démarches migratoires biométriques auprès du Ministre de l'Intérieur. Photo : OIM/Gema Cortés

Plusieurs pays d'Amérique latine et des Caraïbes favorisent l'inclusion des Vénézuéliens qui cherchent à s’installer dans leurs communautés d'accueil. L'Argentine, le Brésil, la Colombie, la République dominicaine, le Paraguay, le Pérou, l'Uruguay et d'autres pays facilitent la délivrance de documents et cherchent des solutions pour régulariser et offrir une protection à la population vénézuélienne, par le biais de différents instruments dans leur législation nationale et en encourageant une réponse multinationale par le biais de forums régionaux tels que le processus de Quito.

Le processus de régularisation d'un an en Equateur est essentiel pour permettre aux migrants vénézuéliens de mener une vie productive. Photo : OIM/Gema Cortés

Un tournant positif

Il y a quelques années à peine, Carlos Rivero n'aurait jamais imaginé quitter le Venezuela pour travailler à quelque 2 000 kilomètres de là. « Voir ma famille ne manger que du manioc trois fois par jour a été l'élément déclencheur de notre départ », raconte-t-il, dans la petite maison où il vit avec sa femme et ses deux enfants, à Quito, dans la capitale équatorienne.

Carlos fait partie des milliers de Vénézuéliens qui ont obtenu un statut régulier en Equateur. Photo : OIM/Gema Cortés

Comme bon nombre des 7,1 millions de personnes qui ont quitté le Venezuela ces dernières années, cet avocat portait de grands espoirs dans sa valise en 2018 ; mais sans papiers, il ne trouvait pas de travail stable. « Nous pouvions à peine survivre avec ce que je gagnais en vendant des légumes, en déchargeant des camions et en tant que maçon. Chaque jour devenait de plus en plus difficile », raconte Carlos.

Mais aujourd'hui, Carlos fait partie des quelque 39 000 Vénézuéliens qui ont obtenu un statut régulier. Grâce à ce nouveau statut, la famille de l'avocat pourra accroître son intégration socioéconomique et financière, bénéficier de soins de santé, et ses enfants pourront profiter d’une meilleure éducation. Il travaille désormais dans un restaurant et a reçu de l'OIM un capital de départ et des conseils dans la gestion commerciale pour développer son entreprise de sacs recyclés faits main.

Le personnel de l'OIM fournit une aide humanitaire et des informations aux migrants vénézuéliens. Photo : OIM/Gema Cortés

La nouvelle situation a fait renaître l'espoir dans la vie de la famille. « Être régularisé, cela a tout changé. Je vais avoir un contrat légal et l'accès à tous les services communs. Tout est différent », dit Carlos, entouré d'une machine à coudre, de textiles en toile de jute, de fils à coudre colorés et d'une montagne de sacs faits main.

Cette histoire a été écrite par Gema Cortes, Unité des médias et de la communication de l'OIM, Bureau de l'Envoyé spécial pour la réponse régionale à la situation au Venezuela.

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