Roraima, 20 mars 2023 – À Roraima, dans le nord du Brésil, un véhicule médical se déplace sur une route cahoteuse, soulevant un nuage de poussière. Il s'agit de l'une des unités sanitaires mobiles de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) qui aide à fournir une assistance médicale aux autochtones vénézuéliens et à leurs communautés d'accueil dans l'une des régions les plus difficiles à atteindre du Brésil.

L'État de Roraima est la principale porte d'entrée depuis le Venezuela vers le Brésil pour ceux qui tentent d’échapper à la crise économique et sociale actuelle dans le pays. Une grande partie des plus de 400 000 Vénézuéliens qui vivent actuellement au Brésil sont entrés dans le pays par l'État du nord.

Des autochtones vénézuéliens et brésiliens attendent une consultation médicale dans une école ouverte à Sakao Mota, un village frontalier reculé du Brésil. Photo : OIM/Gema Cortés

Les unités de santé mobiles de l’OIM sont entièrement équipées pour fournir aux communautés des soins de santé indispensables. Photo : OIM/Gema Cortés

« Beaucoup de gens peuvent trouver un médecin près de chez eux, mais pour des milliers de personnes vivant dans des communautés rurales, les soins de santé sont à des heures de route », explique Maria Chan, médecin de l'OIM, à la fin d'une longue journée de consultations. Pour remédier à cette situation, l'OIM a décidé de déployer du personnel médical pour qu’il se rende chez ceux qui en ont besoin. « Les populations autochtones font partie des populations les plus vulnérables. Ces services changent la vie des personnes atteintes de maladies chroniques dans les communautés isolées ; ils leur facilitent la vie ».

Les unités mobiles sont entièrement équipées pour fournir aux migrants vénézuéliens, y compris aux réfugiés et à leurs communautés d'accueil, des soins de santé indispensables, notamment des traitements et des médicaments essentiels, une fois par mois. Deux unités sanitaires mobiles de l'OIM atteignent les populations les plus vulnérables de la région et forment des agents de santé communautaires pour fournir des soins primaires aux patients ruraux.

Maria Chan, médecin de l'OIM, ausculte une jeune fille autochtone dans un village isolé du nord du Brésil. L'OIM dispense des soins de santé aux autochtones vénézuéliens et aux communautés d'accueil dans les régions isolées du Brésil. Photo : OIM/Gema Cortes

Les communautés autochtones de la région peuvent souffrir de maladies chroniques, comme l'hypertension et le diabète, la malnutrition infantile, les infections cutanées fongiques, les parasites et les infections sexuellement transmissibles (IST). La plupart d'entre elles n'ont pas accès à des centres de santé.

Une initiative sanitaire qui sauve des vies

Dans la petite salle d'une école ouverte de Sakao Motá, un village autochtone isolé où vivent des habitants locaux et des Vénézuéliens, les gens attendent dans la chaleur étouffante que le médecin les appelle pour leur examen médical.

Des autochtones attendent l'appel du médecin pour une évaluation médicale dans le nord du Brésil. Photo : OIM/Gema Cortes

Katiuska Fernandez, 31 ans, est assise tranquillement avec son fils de huit ans. Elle est enceinte de six mois. « L'hôpital le plus proche est à une heure d'ici en voiture, et nous n'avons pas d'argent pour payer un taxi ou un autre moyen de transport », dit-elle en attendant le suivi régulier de sa grossesse. « Je suis tellement heureuse que tout aille bien. Ces soins de santé sont en train de changer nos vies ».

En 2018, les pénuries de nourriture et de médicaments et l'insécurité croissante ont poussé Katiuska et sa famille de cinq personnes à quitter leur petite communauté vénézuélienne de l'autre côté de la frontière. Ils ont vendu leurs biens et traversé la frontière avec plusieurs autres familles Taurepang. Depuis, l'agriculture de subsistance pratiquée dans la communauté d'accueil les aide à survivre.

L'année dernière, l'équipe sanitaire de l'OIM a dispensé des consultations médicales et psychologiques à environ 8 000 migrants vulnérables, y compris aux réfugiés, et aux communautés d'accueil à travers Roraima, soit une moyenne de 30 personnes par jour. Les soins médicaux comprenaient des évaluations générales, des tests de dépistage d’IST, de la COVID-19 et de la glycémie, des actes de médecine pédiatrique et des consultations prénatales.

Une infirmière ausculte une fillette autochtone dans un village isolé du nord du Brésil. L'unité sanitaire mobile permet aux migrants et aux autochtones locaux de surveiller correctement leur santé. Photo : OIM/Gema Cortes

Fortement impactés par la migration

Située dans le territoire autochtone de São Marcos - une mosaïque d'établissements desséchés par le soleil où vit le peuple Tauperang - Sakao Motá est l'une des communautés autochtones fortement impactées par l’afflux de migrants, y compris de réfugiés, en provenance du Venezuela, avec les communautés Ta'rau Parú, Par Bananal et Sorocaima I, toutes situées à la frontière entre le Brésil et le Venezuela.

Quelque 160 autochtones vénézuéliens du groupe Taurepang vivent actuellement à Sakao Motá. Avant l'arrivée des Vénézuéliens, le village ne comptait que 100 habitants.

Les unités de santé mobiles de l’OIM sont entièrement équipées pour fournir aux communautés des soins de santé indispensables. Photo : OIM/Gema Cortés

Une famille d'autochtones vénézuéliens Tauperang regarde leur téléphone avant leur consultation médicale dans un village frontalier isolé au nord du Brésil. Photo : OIM/Gema Cortes

Malgré l'épuisement des ressources agricoles du village, les Vénézuéliens ont été accueillis comme faisant partie du même groupe autochtone qui partage des origines linguistiques et des liens de parenté.

Assis sous un tamarinier, Silvano Fernandez, un autochtone brésilien de 55 ans, raconte comment sa communauté a accueilli ses frères et sœurs vénézuéliens à bras ouverts. « Ils sont nos proches parents, nous devons les accueillir car ils sont notre peuple. Aujourd'hui, ce sont eux, mais demain, ce pourrait être nous ».

Silvano est l'un des patients réguliers de l'unité médicale. Il souffre de douleurs chroniques causées par un accident de voiture, qui l'empêche de mener une vie normale.

Une femme autochtone âgée attend son tour pour une consultation médicale dans un village frontalier isolé au nord du Brésil. Photo : OIM/Gema Cortes

Le personnel de l'OIM remet des médicaments aux patients de l'unité sanitaire mobile. Photo : OIM/Gema Cortes

Même si les examens de grossesse de Katiuska se sont améliorés grâce aux contrôles réguliers effectués par le médecin de l'OIM, sans réseau téléphonique ni accès à un véhicule, elle est prête à accoucher à la maison le moment venu. « Si je ne peux pas me déplacer jusqu'à l'hôpital le plus proche, mon bébé naîtra à la maison, dans la communauté, comme tous mes ancêtres », a-t-elle déclaré après avoir reçu des soins prénataux.

Une famille autochtone Tauperang attend une consultation médicale. Photo : OIM/Gema Cortes

Silvano Fernandez, un autochtone brésilien de 55 ans, raconte comment sa communauté a accueilli ses frères et sœurs vénézuéliens à bras ouverts. Photo : OIM/Gema Cortes

Cette histoire a été écrite par Gema Cortés, Unité des médias et de la communication de l'OIM, Bureau de l'Envoyé spécial pour la réponse régionale à la situation au Venezuela.

SDG 3 - BONNE SANTÉ ET BIEN-ÊTRE
SDG 10 - INÉGALITÉS RÉDUITES
SDG 16 - PAIX, JUSTICE ET INSTITUTIONS EFFICACES