En 2015, Adoum a été déplacé de Ngouboua, son village natal dans la province tchadienne du Lac, par une attaque brutale perpétrée par des acteurs armés non étatiques.

« Nous avons fui sans rien emporter avec nous, pas même notre bétail », se souvient Adoum.

Adoum Mahamat et sa femme Zenaba devant leur abri semi-durable. Photo : OIM/François-Xavier Ada 2020

Avec sa femme Zenaba et leurs trois enfants, Adoum a traversé à pied pendant des jours les terres semi-arides entourant le lac Tchad avant de s'installer à Taal, une communauté située à environ 45 kilomètres de leur domicile, qui accueille actuellement quelque 2 000 autres déplacés internes. Lorsqu'ils sont arrivés à Taal, les membres de la communauté les ont aidés à trouver du bois sec, de la paille et quelques vieilles bâches en plastique pour construire des abris de fortune. Mais ces abris ne résisteraient pas aux conditions climatiques extrêmes autour du lac Tchad, où les températures peuvent atteindre les 50 degrés Celsius, et où de fortes pluies et des tempêtes inondent régulièrement les communautés.

Ces dernières années, un nombre croissant de personnes ont fui leur domicile en raison de l'insécurité et des phénomènes météorologiques extrêmes dans la province du Lac. L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) travaille avec les autorités locales et ses partenaires pour fournir une aide d'urgence et durable aux déplacés internes à Taal et dans d'autres sites de déplacement dans la province du Lac.

En particulier, l'Organisation aide les déplacés internes à trouver de nouveau logements qui protègent les familles et des habitations sûres conçues pour résister aux vents violents ou aux crues soudaines qui sont monnaie courante dans la région.

Depuis la première vague de déplacements autour de la province du Lac, plus de 40 000 personnes vulnérables, comme Adoum et sa famille, ont reçu un abri et des kits d'urgence.

L'aide débute par une évaluation rapide et l'enregistrement des personnes déplacées. Grâce à ce processus, les personnes déplacées peuvent accéder à une aide supplémentaire de la part d'autres partenaires humanitaires.

Les personnes dans le besoin reçoivent des kits d'urgence qui contiennent des articles de base tels que des jerrycans, des matelas, des moustiquaires, des ustensiles de cuisine, des articles d'hygiène féminine, des vêtements, un seau de taille moyenne et du savon.

Pour les personnes récemment déplacées, des abris d'urgence, qui peuvent durer entre trois et cinq ans, sont fournis. Ils sont faits de matériaux locaux (bois, paille, tôles ondulées pour le toit) et sont construits conjointement par les membres de la communauté.

Adoum Mahamat. Photo : OIM/Andrea Ruffini 2020

Les abris semi-durables, qui peuvent durer plus de cinq ans, sont construits dans les communautés où les personnes ont été déplacées sur de plus longues périodes. Ils sont faits de murs en briques séchées au soleil renforcés par de l'argile et offrent une protection à long terme contre les conditions climatiques extrêmes auxquelles Adoum et les personnes déplacées doivent faire face dans la province du Lac.

Depuis 2015, l'OIM a construit plus de 2 700 abris d'urgence et semi-durables pour les familles déplacées dans la province du Lac.

Un ouvrier du bâtiment pose les briques d’un abri semi-durable sur le site de déplacement de Dar Naim. Photo : OIM/Andrea Ruffini 2020

L'abri semi-durable est composé de deux structures : un abri d'urgence (à l'avant) qui est fait de paille avec un toit en tôle ondulée, et une structure plus durable offrant plus d'espace et de protection aux personnes déplacées. Photo : OIM/Andrea Ruffini 2020

Un abri semi-durable à Baga Sola. Photo : OIM/Andrea Ruffini 2020

Pour Adoum et Zenaba, ces nouvelles habitations ont changé leur vie.

« Avant, ma famille et moi dormions dans un abri en paille et quand il pleuvait, nous devions rester éveillés pour protéger nos affaires », raconte Zenaba. « Maintenant, nous pouvons dormir en paix », ajoute-t-elle.

« Depuis que nous sommes arrivés ici, nous sommes tous devenus une famille. Nous vivons en paix avec nos voisins », poursuit Zenaba.

L'un des principaux avantages du programme d'abris de l'OIM est la participation communautaire qui garantit la durabilité.

Les abris semi-durables sont conçus, planifiés et construits conjointement par des entrepreneurs locaux, des membres de la communauté et des personnes déplacées, une approche qui profite à tous les acteurs prenant part au processus.

Par exemple, toute la paille utilisée pour construire les différents abris est tissée par des groupes de femmes locales, ce qui leur donne l'occasion de gagner de l'argent pour les besoins de leur foyer tout en contribuant à la réponse humanitaire.

L'approche communautaire garantit également que les abris sont conçus avec des matériaux de construction locaux respectueux de l'environnement, ce qui réduit les coûts de construction et contribue à l'économie locale. Les personnes déplacées peuvent également acquérir de nouvelles compétences, comme la pose de briques et la réparation de plafonds, qu'elles pourront ensuite reproduire pour gagner leur vie.

Les abris respectent également les normes internationales en matière d'environnement et de protection.

Un exemple de plan utilisé pour guider la construction d'un abri semi-durable. Photo : OIM/Andrea Ruffini 2020

A Tagal, un site de déplacement accueillant 750 déplacés internes, l'OIM pilote un nouveau type d'abri durable. Les nouveaux modèles sont construits avec des poutres en bois et du bois de charpente pour la structure, avec des murs faits de paille et de grillage plâtrés avec du ciment et du sable pour une durabilité accrue. Ce qui rend ces « abris durables » uniques, c'est que les déplacés internes peuvent les construire avec des matériaux utilisés dans les abris d'urgence existants.

Un nouveau type d'abri que l'OIM pilote à Tagal et qui est renforcé par du ciment pour plus de durabilité. Photo : OIM/Andrea Ruffini 2020

Parce qu'ils n'ont plus à se soucier d'avoir un toit au-dessus de leur tête, Adoum et Zenaba peuvent désormais se concentrer sur la reconstruction de leur vie et sur l'éducation de leurs enfants. Mais il reste encore beaucoup à faire pour assurer la sécurité et la protection des 457 000 personnes déplacées dans la province du Lac, au Tchad.

L'OIM a commencé à déployer son cadre pour trouver des solutions durables à la situation du déplacement dans la province. Ce cadre comprend la collaboration avec un planificateur de site expérimenté afin de s'assurer que les sites de déplacement peuvent devenir de nouveaux foyers où les déplacés internes peuvent reconstruire leur vie en toute sécurité.

Texte de François-Xavier Ada, Chargé de communication et des politiques à l'OIM au Tchad.

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