Kiev, 9 octobre 2023 – Confrontés à des choix impossibles alors que leurs maisons, leurs communautés et leur sentiment de sécurité se désintégraient sous leurs yeux, les habitants de l'Ukraine ont subi des pertes considérables.
Aujourd'hui, une statistique ahurissante jette une ombre sur ce pays déchiré par la guerre : plus de 5 millions de personnes sont toujours déplacées en Ukraine. La guerre a profondément affecté la vie d'innombrables personnes et communautés. Si le bilan physique de la guerre est une évidence, les conséquences psychologiques sur les familles qui ont été déracinées ou qui ont perdu leurs proches ont des répercussions cachées et profondes.
Les problèmes de santé mentale non traités peuvent se répercuter sur plusieurs générations et avoir des effets invalidants, allant du stress et de la détresse psychologique à des difficultés d'intégration dans de nouvelles communautés. L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) reconnaît la nécessité de soutenir activement le bien-être mental et psychosocial des personnes en Ukraine dans l'espoir de faire une différence dans la vie de ceux qui sont touchés par la guerre.
Les anciens combattants et leurs difficultés particulières
Les anciens combattants qui tentent de se réinsérer dans la vie civile sont confrontés à des défis uniques et complexes, qui nécessitent souvent un soutien spécialisé. Pour aider les anciens combattants à s'adapter à une nouvelle vie et à faire face à d'éventuels facteurs de stress psychosociaux, l'unité de santé mentale et de soutien psychosocial (SMSPS) de l'OIM les aide, eux et leurs familles, sur la voie du relèvement par le biais d'activités sociales et culturelles, de cours d'art, d'activités récréatives, du développement des aptitudes à la vie quotidienne, de thérapies de groupe et d'actions de sensibilisation, entre autres.
Olesia, ancienne fonctionnaire et combattante, vivait dans la région de Mykolaïv avec sa fille, Veronika-Maria, lorsqu'un obus a explosé près de leur maison en janvier 2023. La détresse qu'elles ont endurée a provoqué des crises de panique chez Veronika-Maria.
À la recherche d'un refuge et d'un soutien, Olesia et Veronika-Maria sont parties en Transcarpatie peu de temps après. La famille y a trouvé du soutien grâce à des activités organisées par l'OIM, telles que des randonnées, qui les ont aidées à établir de nouvelles relations sociales et à commencer à créer une nouvelle vie loin de chez elles. Ces sorties sont conçues pour fournir un soutien psychosocial communautaire aux anciens combattants et à leurs familles, et les aider à trouver la force d'aller de l'avant et de nouer des liens avec les membres des communautés dans lesquelles elles vivent désormais.
L'histoire d'Olesia est une parmi tant d'autres. L'impact des initiatives de soutien psychosocial de l'OIM s'étend également à des anciens combattants comme Oleksandr, qui a été gravement blessé pendant son service militaire, au cours duquel il a perdu sa jambe. Malgré les difficultés physiques et psychologiques auxquelles il est confronté, Oleksandr reste déterminé à réintégrer la vie civile.
Grâce à une séance d'équitation - une autre activité de soutien psychosocial de l'OIM -, Oleksandr et sa fille adolescente Karina ont pu atténuer le stress et l'anxiété, souvent associés à la réintégration dans la vie civile. Le personnel de l'OIM travaille avec des entraîneurs d'équitation qui se spécialisent dans l’accompagnement des personnes vulnérables. Les leçons sont suivies d'une séance de sensibilisation à la santé mentale, à la gestion du stress et à d'autres sujets connexes. Ces activités permettent aux anciens combattants de renouer avec leurs familles et de renforcer leur bien-être psychosocial.
Oleksandr est optimiste quant à son avenir. Tandis que Karina doit bientôt entrer à l'université, il aspire à créer sa propre entreprise et à s'impliquer davantage dans sa communauté.
Renforcer l’autonomie des enfants par le jeu
Le stress causé par la guerre, les déplacements et la nécessité de s'intégrer dans de nouvelles communautés ont souvent un impact négatif sur la santé physique et mentale des adultes et des enfants. L'OIM organise des activités qui aident à renforcer la résilience globale des familles déplacées tout en donnant aux enfants l'espace dont ils ont tant besoin pour décompresser et être tout simplement des enfants.
En temps de guerre et d'incertitude, gérer les peurs d'un enfant peut être difficile pour les parents. Svitlana, originaire de Kherson, a essayé de protéger son fils Illia, âgé de 5 ans, de ses propres émotions afin de lui épargner des soucis inutiles.
Cependant, alors que les bombardements se rapprochaient dangereusement de leur maison à Kherson, les mots d'Illia, « Maman, j'ai tellement peur ! », ont forcé Svitlana à faire le choix difficile de fuir vers Odessa. Là, Svitlana a pu rejoindre un groupe de soutien psychologique proposé par l'OIM. Ces sessions de groupe aident les parents à acquérir des connaissances sur les techniques de gestion du stress et leur offrent la possibilité de faire de l’introspection - une opportunité rare au vu de toutes les difficultés rencontrées pendant le déplacement.
« Je ne m'étais jamais vraiment demandé ce dont mon fils avait vraiment besoin jusqu'à présent. Il est clair qu'il a envie de plus de liberté », explique Svitlana. « Maintenant, je veux m'assurer que le contrôle que j'exerce sur lui ne devient pas excessif ». Cette nouvelle compréhension aide les parents comme Svitlana à naviguer sur le terrain complexe de la parentalité dans les moments difficiles.
Depuis le début de la guerre totale en Ukraine, l’OIM reconnaît la nécessité de soutenir prioritairement la santé mentale. Entre le 24 février 2022 et septembre 2023, l’OIM a fourni des services de santé mentale et de soutien psychosocial à plus de 115 000 individus et familles afin de faire face aux difficultés de la guerre, du déplacement et de l’intégration dans de nouvelles communautés, ouvrant la voie au relèvement à long-terme, à la reconnexion et au bien-être.
Écrit par Anna Tsybko, OIM Ukraine.