Piaseczno, 12 décembre 2022 – Avant que la guerre ne débute en Ukraine, Tatiana était femme au foyer et s'occupait de ses deux jeunes enfants âgés de dix et six ans, dans la ville de Berdytchiv, au nord de l'Ukraine. Pendant son temps libre, elle travaillait comme couturière, confectionnant des jouets pour enfants, notamment des gnomes scandinaves.
Lorsqu'elle est arrivée en Pologne en mars 2022, Tatiana, 39 ans, a subi un choc culturel important ; elle se sentait stressée et dépassée par les nombreux changements dans sa vie. Son mari avait déjà travaillé en Pologne, il était donc mieux armé pour faire face à ces changements.
Depuis le début de la guerre en Ukraine, près de 8 millions de personnes ont fui vers les pays voisins. Pendant cette période, la Pologne a accueilli près de 1,5 million de personnes en provenance de l'Ukraine voisine, qui sont aux prises avec les effets de la guerre et les traumatismes.
Beaucoup sont particulièrement vulnérables après avoir laissé derrière eux leur famille, leurs amis et leurs biens. Un nombre important de ceux qui franchissent la frontière sont des femmes avec de jeunes enfants, qui ont besoin d'un soutien supplémentaire pour s'intégrer en Pologne.
Tatiana a vite compris qu'elle devait trouver un emploi pour subvenir aux besoins de sa famille, mais elle voulait aussi faire quelque chose pour lequel elle était douée et, surtout, qui la passionnait. Une initiative spéciale en Pologne allait donner à Tatiana la chance de rencontrer des femmes extraordinaires pour la soutenir dans la période difficile qu'elle traversait.
Dans le cadre de l'initiative Share SIRA, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) met actuellement en œuvre deux projets pilotes locaux dans la ville de Piaseczno et dans la région de Basse-Silésie, afin de soutenir l'intégration des femmes migrantes et réfugiées dans la société polonaise.
Lancé en 2021, le projet a pris un nouvel élan en raison des nouvelles arrivées de personnes fuyant la guerre en Ukraine qui souhaitent aujourd’hui y prendre part. Depuis l'escalade de la guerre en février de cette année, la communauté de Piaseczno a accueilli plus de neuf mille nouveaux réfugiés ukrainiens qui représentent actuellement plus de 20 pour cent de la population de la ville.
« Grâce à cette initiative, j'ai bénéficié d'un soutien psychologique utile, ainsi que de séances individuelles d'orientation professionnelle. J'ai également commencé à suivre des cours de polonais et à étudier l'histoire et la culture de la Pologne ; jusqu'à présent, cela me plaît beaucoup », déclare Tatiana.
Géré par des Polonaises, le projet local « Piaseczno Welcomes You ! » est actuellement mis en œuvre par la Fondation EduNowa en coopération avec l'Initiative des femmes de Piaseczno, avec le soutien de l'administration de Piaseczno, une petite ville proche de Varsovie.
« Nous travaillons avec des femmes migrantes vivant à Piaseczno parce que nous pensons que le bien-être des femmes a un impact sur le bien-être de toute la famille », explique Magdalena Bogusławska, Directrice de la Fondation EduNowa.
« Tatiana nous a dit qu'elle était couturière et qu'elle confectionnait des jouets et des gnomes pour les enfants chez elle, mais qu'elle avait laissé sa machine à coudre en Ukraine. Par chance, j'avais récemment reçu une machine à coudre, car j'avais toujours rêvé d'apprendre à coudre, mais je n'avais jamais eu l'occasion de l'utiliser », se souvient Magdalena.
"Comme je n'aurais jamais le temps ni la persévérance d'apprendre, j'ai décidé de la donner à Tatiana, et elle était incroyablement heureuse. La leçon suivante, elle est venue avec des poupées gnomes pour nous toutes ».
Depuis, Magdalena et la Fondation EduNowa font de leur mieux pour aider Tatiana à faire décoller son entreprise de fabrication de poupées, et la prochaine étape consistera à créer un site web et un compte Instagram professionnel pour essayer de vendre ses poupées en ligne. « Je suis infiniment reconnaissante à Magdalena de m'avoir donné sa machine à coudre qui m'aide maintenant à réaliser mes rêves », confie Tatiana.
Après avoir suivi des cours de polonais et des séances d'orientation professionnelle avec Magdalena, Tatiana a gagné en confiance. Elle se sent prête à lancer officiellement son entreprise de fabrication de poupées tout en commençant sa nouvelle vie en Pologne. « J'ai eu la chance de rencontrer des gens bienveillants, au grand cœur. Cela me permet de me distraire des problèmes en Ukraine », explique Tatiana.
Bien qu'elle ait dû laisser son ancienne vie derrière elle, avec le soutien des organisations locales et le travail vital qu'elles réalisent pour l'intégration des personnes déplacées par le conflit, Tatiana et beaucoup d'autres personnes dans une situation similaire ont maintenant la possibilité de construire une nouvelle vie en Pologne.
Ses deux garçons vont dans une école polonaise où ils apprennent actuellement le polonais et commencent lentement à se sentir mieux intégrés dans leur nouvel environnement. « Comme la guerre n'est pas encore terminée, nous avons décidé de rester en Pologne avec les enfants car c'est beaucoup plus calme ici. Nous ne prévoyons pas de retourner en Ukraine pour l'instant ; nous sommes heureux ici pour le moment. »
A ce jour, le projet Share SIRA, financé par le Fonds asile, migration et intégration (AMIF) de l'Union européenne, a aidé trente femmes originaires d'Ukraine, de Russie et du Bélarus. L'OIM vise à étendre et à mettre en œuvre des projets d'intégration à Rzeszów, Cracovie et Varsovie afin de s'assurer que d'autres personnes puissent également bénéficier du soutien crucial dont elles ont besoin pour se sentir chez elles en Pologne.
Cette histoire a été écrite par Ewelina Kawczynska, coordonnatrice principale de l'information publique de l'OIM en Pologne, ekawczynska@iom.int.
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La Journée Internationale des Migrants (18 décembre) est la journée consacrée par les Nations Unies à la sensibilisation de l'opinion publique aux défis et opportunités que présentent les migrations mondiales sous toutes leurs formes, pour plaider en faveur du respect des droits des migrants et pour encourager la communauté internationale à œuvrer ensemble pour que les migrations soient gérées de manière sûre, ordonnée et digne.