Djibouti/Éthiopie – Rekiyah* (nom fictif) vivait dans des conditions très difficiles dans la région d’Amhara en Éthiopie lorsque son père est tombé gravement malade. Le coût élevé des soins médicaux a plongé sa famille dans une détresse financière encore plus profonde. Influencée par des amis qui avaient émigré, elle a décidé de se rendre à Djibouti à la recherche d’un emploi, en faisant appel à des passeurs locaux pour faciliter son voyage. Malgré les objections de son père, elle était déterminée à gagner de l’argent pour subvenir aux besoins de sa famille.
Le passeur lui a fait payer 15 000 birrs (environ 84 USD) en lui promettant de la nourriture, de l’eau et un abri en cours de route. Cependant, la réalité était tout autre. Avec d’autres, elle a enduré des conditions exténuantes au cours de leur voyage à travers l’Éthiopie jusqu’à Djibouti, passant d’innombrables nuits dans des conditions excessivement difficiles.
« Un jour, je me suis gravement blessée à la jambe et ils [les passeurs] m’ont abandonnée. Je n’ai pas eu d’autre choix que de continuer seule », raconte-t-elle.
Au cours de son pénible voyage, Rekiyah a été victime d’abus sexuels. Lorsqu’elle est enfin arrivée à Djibouti, elle a découvert qu’elle était enceinte. Après avoir donné naissance à sa fille, les autorités locales l’ont orientée vers l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) à Djibouti pour obtenir de l’aide.
L’OIM lui a apporté un soutien essentiel, notamment en prenant en charge ses frais médicaux et en lui procurant un logement temporaire pour elle et sa fille. Des efforts sont actuellement déployés pour retrouver sa famille en Éthiopie et les réunifier.
Malgré l’aide qu’elle a reçue, l’espoir le plus profond de Rekiyah est de voir cesser la violence et les abus auxquels sont confrontées les femmes qui migrent.
Fareda* (nom fictif), une autre migrante, raconte une histoire similaire, caractérisée par les difficultés et la violence. À tout juste 22 ans, cette mère de trois enfants a quitté son domicile en Éthiopie, où elle gagnait difficilement sa vie en vendant du khat. Ses revenus, bien que modestes, étaient une source de conflit permanent avec son mari, qui exigeait une part de tout ce qu’elle gagnait.
« Lorsque je suis arrivée à Djibouti, j’ai dû économiser de l’argent pour faire venir mon mari. Même après avoir travaillé dur, je n’avais pas le droit de garder un seul centime de mes revenus. Lorsqu’il est arrivé, j’ai été obligée de lui acheter deux machines à coudre d’une valeur de 25 000 francs djiboutiens (environ 140 USD). Il était agressif et dominateur », a-t-elle déclaré.
Son mari a commencé à prendre de force la totalité de son salaire, la laissant sans accès à ses propres finances. Il s’agit d’une forme de violence économique, définie par les Nations Unies comme la privation de ressources financières comme méthode d’abus ou de contrôle. Bien que moins visible que la violence physique, elle peut être tout aussi préjudiciable.
Ne pouvant plus supporter ces abus, Fareda a décidé de quitter son mariage et de retourner en Éthiopie. Avec l’aide de son employeur, elle a été orientée vers l’OIM, qui lui a fourni, ainsi qu’à sa fille Hadijah, un logement temporaire.
« Toutes les femmes qui quittent l’Éthiopie sont confrontées à des difficultés, que ce soit de la part de leur mari ou d’autres personnes. Pour moi, le plus important était de trouver un moyen de surmonter ma situation », a-t-elle indiqué.
De nombreuses femmes migrantes comme Rekiyah et Fareda sont aidées par l’OIM pour rentrer dans leur pays. L’aide comprend de la nourriture, des soins de santé mentale et un soutien psychosocial, ainsi qu’une aide après l’arrivée, comme des articles non alimentaires. L’OIM facilite également la réintégration de certains migrants de retour.
Alors que le monde entier célèbre les 16 jours d’activisme contre la violence basée sur le genre (25 novembre - 10 décembre), nous sommes solidaires des survivants et condamnons toutes les formes de violence à l’encontre des femmes.
Cette aide est fournie dans le cadre du Plan régional de réponse pour les migrants (MRP) pour la Corne de l’Afrique, le Yémen et l’Afrique australe. Cependant, le MRP reste gravement sous-financé. Pour 2024, seuls 19 millions de dollars sur les 112 millions de l’appel ont été reçus, ce qui entraîne des lacunes critiques dans l’aide aux migrants et aux communautés d’accueil le long des routes de l’Est et du Sud.
*Les noms ont été modifiés pour protéger l’identité des migrants de retour.
Rédigé par Eva Sibanda, Responsable Médias et Communication, OIM Djibouti.