Le quai de la ville de Bongao dans la province de Tawi-Tawi, aux Philippines, est animé par les commerçants transportant des sacs d'algues séchées à destination du continent. Photo: OIM Philippines/Andrea Empamano

Région de Bangsamoro, Philippines – Dans la province insulaire de Tawi-Tawi, située à l'extrême sud du pays, la culture d’algues est à la fois un moyen de subsistance et une tradition. Aussi loin que Siyulay se souvienne, il y a toujours eu des petits cultivateurs d’algues dans sa famille.

Pour Siyulay, les algues sont bien plus qu'une simple culture : c'est sa principale source de revenus et un indicateur de la santé de l'environnement. Depuis plusieurs années, il est le témoin direct des répercussions des changements climatiques sur son île.

Siyulay est un cultivateur d'algues de Tawi-Tawi, une province composée des îles les plus méridionales des Philippines. Photo: OIM Philippines/Andrea Empamano

Siyulay plante des algues depuis plus de 10 ans. Si cette activité agricole a largement permis aux quatre personnes de sa famille de survivre, cette année a été particulièrement difficile. « Aujourd’hui, planter devient de plus en plus difficile, surtout en raison des changements climatiques. La chaleur augmente la température de l’eau, qui devient trop chaude pour que les algues poussent et parfois les brûle, les faisant passer de rouges à jaunes », explique-t-il.

L'agal agal change de couleur, passant du rouge au jaune, lorsqu’elle est continuellement exposée à une chaleur extrême. Si ce phénomène est normal au cours du processus de séchage, il se produit désormais alors que les algues sont encore dans l'eau, en raison de l'augmentation de la température des océans. Photo: OIM Philippines/Andrea Empamano

Produit autrefois saisonnier, les algues peuvent désormais être cultivées toute l'année à l'aide d'engrais et d'une méthode flottante qui leur permet de pousser sans toucher le fond de la mer. Cependant, la chaleur entraîne également l'apparition de nouvelles maladies qui nuisent à la récolte d'algues.

« Dès que nous remarquons [la maladie], nous devons retirer les algues de l'eau même si elles ne sont pas prêtes à être récoltées et nettoyer les zones affectées pour éviter la propagation. La récolte est alors moins bonne », explique Siyulay.

Les difficultés rencontrées par les cultivateurs d'algues en raison de la chaleur extrême et de la sécheresse sont encore aggravées par les faibles revenus qu'ils touchent pour leurs algues séchées. Après la récolte, les algues sont stockées dans des entrepôts locaux avant d'être transportées vers des grands marchés à Zamboanga City, Cebu et Manille, où les prix sont fixés. Ce système avantage largement les grands producteurs d'algues qui ont des contrats avec les négociants, ce qui rend difficile pour les petits producteurs comme Siyulay d'obtenir des prix équitables pour leurs produits.

« J'essaie de vendre à deux négociants en fonction du prix. Cette année, les prix n’ont jamais été aussi bas, à savoir 35 PHP (0,60 $ US) le kilo. Pour rentrer dans nos frais, nous avons besoin de vendre nos produits au moins 100 PHP (1,7 $ US) le kilo, compte tenu du coût des engrais et de l’essence. C'est vraiment difficile, mais nous sommes impuissants » a déclaré Siyulay.

Un négociant inspecte un lot d'algues infecté par la maladie et enlève toutes les zones affectées qui sont visiblement blanches. Photo: OIM Philippines/Andrea Empamano

Ces difficultés ont contraint de nombreux agriculteurs à chercher d'autres moyens de subsistance, tels que les cultures maraîchères, voire à cesser toute activité agricole. Certains agriculteurs qui ne peuvent plus compter sur leur activité agricole décident de migrer à la recherche de meilleures opportunités économiques.

Les conditions climatiques extrêmes et les difficultés économiques obligent de nombreux agriculteurs des îles à migrer, même s’ils préfèreraient rester. Photo: OIM Philippines/Andrea Empamano

Les agriculteurs de Tawi-Tawi qui choisissent de rester malgré les circonstances difficiles ont besoin de soutien pour créer un système agricole plus résilient face aux changements climatiques, améliorer leurs compétences entrepreneuriales et accéder aux ressources pour renforcer leurs communautés.

L'OIM Philippines travaille avec les cultivateurs d'algues de Tawi-Tawi et d'autres communautés touchées par la crise climatique, notamment les agriculteurs et les pêcheurs, les femmes, les personnes âgées et les citadins précaires. L'OIM inclut ces personnes dans des discussions sur la résilience climatique afin de les aider à atténuer les impacts négatifs de la crise climatique aux Philippines et d'explorer des solutions imaginées par les communautés.

Histoire racontée par Francis Borja et Andrea Empamano, OIM Philippines

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