Est de l’Ouganda, août 2022 – Yusuf Munyifa dormait lorsqu'il a reçu l’appel d'un ami pour lui annoncer que son magasin avait été emporté par les eaux, suite aux pluies torrentielles qui ont déferlé dans la ville de Mbale, à l'est de l'Ouganda.

« L'eau était [abondante] et descendait des collines à toute vitesse. Elle déracinait les arbres, emportant tout sur son passage jusqu’en bas de la colline, détruisant tout le reste, y compris mon magasin. »

Deux rivières sont sorties de leur lit après de fortes pluies et ont entraîné de graves inondations, submergeant des maisons, des magasins et des routes et détruisant d'autres infrastructures. Au final, au moins 26 personnes ont été tuées. Les inondations ont eu lieu à Mbale et dans les districts environnants, à quelque 220 kilomètres à l'est de la capitale, Kampala.

Suite aux pluies torrentielles qui se sont abattues sur la région, certaines zones de l'est de l'Ouganda ont connu des inondations et des glissements de terrain, plus précisément les districts autour de la région du Mont Elgon, notamment Mbale, Kapchorwa, Bulambuli, Namisindwa, Sironko, Manafwa et les zones environnantes.

« J'ai perdu des stocks d'une valeur de plus de 35 000 dollars. Je suis complètement anéanti. J'ai quatre enfants à nourrir. Je n'ai jamais vu de ma vie une telle chose se produire dans notre communauté », ajoute-t-il.

La Croix-Rouge ougandaise estime que plus de 4 000 foyers ont été touchés, et des milliers déplacés par les inondations. Les glissements de terrain et coulées de boue provoqués par les inondations font des ravages dans la région.

L'Autorité météorologique nationale ougandaise prévoit, dans les semaines à venir, davantage de précipitations et d'inondations dans la région de Teso, à 160 kilomètres de la tragédie de Mbale.

« Nous procédons à des évaluations et étudions la probabilité de nouvelles inondations. Nous devons fermer les écoles à risque en raison de fissures importantes qui apparaissent dans le sol », a déclaré Christine Namwau, du Comité de gestion des catastrophes du district de Bulambuli, dans la région de l’Est. 

L'an dernier, les inondations, les glissements de terrain et les tempêtes de grêle dans l'est, le centre et l'ouest de l'Ouganda ont touché plus de 40 000 personnes, dont plus de 3 600 ont été déplacées et contraintes de vivre dans des abris temporaires.

En 2010, le pays a dû déplacer et réinstaller plus de 3 000 personnes de la sous-région du Mont Elgon, depuis le district de Bududa vers l'est de l'Ouganda et depuis le district de Kiryandongo vers l'ouest du pays, car leurs villages avaient été dévastés par des glissements de terrain en mars 2010.

Structures inondées sur les rives de la rivière Nabuyonga après les inondations de Mbale, dans l'est de l'Ouganda. Photo autorisée

Historiquement, l'Ouganda est caractérisé par des régimes pluviométriques stables ; cependant, les effets mondiaux des changements climatiques qui entraînent une augmentation de la fréquence et de l'ampleur des catastrophes et des risques liés aux conditions météorologiques n'ont pas épargné le pays et une région qui connaît des pluies plus courtes ou plus longues, et même des sécheresses.

Rien qu'en 2021, on dénombrait 23,7 millions de déplacements internes résultant d'événements liés aux conditions météorologiques, notamment des inondations, des tempêtes et des cyclones. Compte tenu des impacts attendus des changements climatiques et sans action ambitieuse en faveur du climat, ces chiffres augmenteront probablement dans les années à venir.

« Les gens ont construit et cultivé jusqu'aux berges des rivières, et celles-ci ont été les plus touchées. Les zones humides sont envahies et c'est un problème, car lorsque les zones humides sont intactes, elles aident au moins à contrôler le rythme de déversement de l'eau lorsqu'il pleut abondamment », a déclaré Teddy Nabukwasi, responsable de l'environnement dans le district de Siroko, également dans la province de l’Est. « Nous devons constamment sensibiliser les gens afin qu'ils connaissent les effets de leurs actions sur l'environnement. »

Teddy Nabukwasi et d'autres responsables du gouvernement ont récemment été formés par l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) en Ouganda à la préparation, à la réponse et au signalement des catastrophes dans le cadre d'un projet financé par l'Union européenne. L'OIM travaille également avec la Croix-Rouge pour regrouper et partager les données d'urgence et prendra part à une évaluation conjointe du gouvernement, des Nations Unies et d'autres organismes humanitaires.

« Dans l'immédiat, l'OIM fournira un éventail d'articles de secours non alimentaires pour soutenir les personnes touchées, tout en collectant des fonds pour obtenir davantage de soutien », a déclaré Sanusi Tejan Savage, chef de mission de l'OIM en Ouganda.

Les inondations en Ouganda ont pour toile de fond une nouvelle déclaration historique sur la migration, les changements climatiques et l'environnement, approuvée par les présidents et les ministres de l'Afrique de l'Est et de la Corne de l'Afrique à Kampala, en Ouganda : la Déclaration ministérielle de Kampala sur la migration, l'environnement et les changements climatiques, qui vise à rassembler les nations de la région de l'Afrique de l'Est et de la Corne de l'Afrique afin d'établir des priorités, d’intervenir et de galvaniser le soutien mondial pour faire face aux lourdes conséquences des changements climatiques sur la mobilité humaine.

« Nos populations, dont la majorité sont déjà vulnérables et ont une capacité limitée à s'adapter aux impacts des changements climatiques, continuent de subir la fréquence et l'intensité accrues des inondations, des sécheresses et des glissements de terrain associés aux impacts des changements climatiques. »

La déclaration qui vient d’être signée est un appel urgent pour que le monde entier réponde à l'impact des changements climatiques sur la mobilité humaine à travers la région et le continent, et soutienne les communautés touchées, qui sont parmi les plus vulnérables au monde, afin qu'elles s'adaptent aux réalités des changements climatiques. 

Un rapport de la Banque mondiale prévoit que quelque 86 millions de personnes en Afrique pourraient être contraintes de migrer à l'intérieur de leur propre pays d'ici 2050 en raison des changements climatiques si aucune mesure concrète n'est prise en matière de climat et de développement.

La région de la Corne de l'Afrique devrait être gravement touchée par les effets des changements climatiques, notamment par de graves sécheresses et des inondations soudaines. Les catastrophes liées au climat rendent les communautés locales plus vulnérables, érodant leurs stratégies d'adaptation et, avec elles, les déplacements.

L'OIM s'engage à traduire les dimensions de la mobilité dans la réduction des risques de catastrophes en actions concrètes pour assurer la sécurité et la protection des migrants et des personnes déplacées partout dans le monde. L'OIM appelle tous les gouvernements et toutes les parties à adopter la vision du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) pour passer du risque climatique au développement résilient face au climat aux changements climatiques, afin de réduire du risque de catastrophe face aux changements climatiques.

Écrit par Richard M Kavuma, Responsable de l’information publique, OIM Kampala

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