Bahr el-Ghazal occidental, 27 sep 2021 - Ce n'est que le premier jour de la formation de couture à la main et les femmes ont déjà de grands projets sur la façon dont elles utiliseront leurs compétences nouvellement acquises pour aider leurs familles à gagner en indépendance.

« Une fois que j'aurai appris à coudre à la main, j'apprendrai à coudre à la machine. À partir de là, je ferai des draps, des rideaux et des nappes pour les vendre et utiliser l'argent pour subvenir aux besoins de mes enfants », explique Adut Akwar, 50 ans.

Adut et quatorze autres femmes du centre collectif de Hai Masna, un camp de déplacés internes situé dans l'État sud-soudanais du Bahr el Ghazal occidental, font partie du groupe sélectionné pour être formé par l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) à tout un ensemble de techniques, dont la couture, le commerce et l’entreprenariat, ainsi qu'aux aptitudes en leadership. Le groupe est composé de femmes en situation de handicap, de jeunes mères et de femmes chefs de famille.

Adut Akwar, 50 ans, membre du projet CCCM de participation des femmes de l’OIM. Photo : OIM 2021 / Liatile Putsoa

Adut vit à Masna avec ses six enfants. Ils ont fui leur maison en 2017 lorsque de nouveaux affrontements ont secoué leur village à Jur River, forçant des milliers de personnes, dont des femmes, des enfants et des personnes âgées, à fuir pour sauver leur peau. Beaucoup ont trouvé refuge à Hai Masna (qui accueille 3 850 déplacés internes) et dans d'autres centres collectifs autour de Wau, tandis que la majorité des déplacés se sont réfugiés dans le camp de déplacés internes de Naivasha, anciennement connu sous le nom de site de protection des civils des Nations Unies de Wau.

Elle fait partie des 40 femmes de Hai Masna et de Naivasha qui ont bénéficié des ateliers de formation dans le cadre du projet de participation des femmes. Grâce à ce projet, l'équipe de l'OIM chargée de la coordination et de la gestion des camps (CCCM) facilite l'accès des femmes à des activités génératrices de revenus par le biais d'une formation professionnelle et de compétences en leadership, afin de les aider à devenir autonomes, de les encourager à faire part de leurs préoccupations lorsqu'elles en ont et à assumer des responsabilités au sein du camp de déplacés internes et de leur communauté.

Des membres du projet CCCM de participation des femmes de l'OIM formés à la couture à la main. Photo : OIM 2021 / Liatile Putsoa

« Je suis très impressionné par l'enthousiasme dont les femmes font preuve pour acquérir ces compétences qui les aideront à reconstruire leur vie », déclare Titus Muniri, assistant à la participation communautaire de l’équipe CCCM de l'OIM.

« Certaines femmes qui ont participé aux formations précédentes ont même pris des rôles de premier plan dans les structures de gouvernance du camp. Nous avons quatre femmes qui ont suivi notre formation et qui ont été élues membres du Comité de leadership communautaire (Community Leadership Committee ou CLC) dans le camp de Naivasha », explique Titus.

Adut Akwar dit qu'elle « a un projet ».

« Quand je rentrerai chez moi, je retournerai labourer mes champs pour cultiver des aliments pour mes enfants », confie-t-elle.

« Mais ce n'est pas tout », ajoute-t-elle avec un nouveau sentiment d'exaltation. « J'utiliserai aussi mon temps pour confectionner des draps que je pourrai vendre pour avoir un revenu ».

Adut confie qu'elle espère qu'avec le maintien de la paix dans le Bahr el Ghazal occidental, davantage de femmes choisiront de quitter les camps et de retourner dans leurs villages.

« Lorsque nous partirons, nous pourrons nous réunir et former des coopératives dirigées par des femmes, en mettant à profit les compétences en gestion d'entreprise et en artisanat que nous avons acquises. Nous pouvons apporter de réels changements dans nos vies », déclare Adut.

Adut est née avec une réduction congénitale des membres supérieurs. Photo : IOM 2021 / Liatile Putsoa

Adut, qui est née avec une réduction congénitale des membres supérieurs, explique qu'elle n'a jamais été du genre à dépendre des autres pour faire les choses à sa place en raison de son handicap.

« Je suppose qu'en naissant avec un handicap, on naît aussi avec le sentiment inhérent que l'on doit faire plus d’efforts pour montrer aux autres qu’on est capable », explique Adut. « C'est pourquoi lorsque j'ai été sélectionnée pour l'atelier, je n'ai pas hésité à m'inscrire ».

Les femmes se soutiennent entre elles. © OIM 2021 / Liatile Putsoa

« Bien sûr, j’ai parfois besoin d'aide pour passer le fil dans l'aiguille, mais le reste, je peux l'apprendre et le faire moi-même », affirme Adut.

Le projet de participation des femmes est soutenu par le Bureau de la population, des réfugiés et des migrations (PRM) du Département d'Etat américain dans le cadre de l'initiative mondiale intitultée « Safe from the Start », grâce à laquelle l'équipe CCCM de l'OIM facilite l'accès des femmes aux activités génératrices de revenus.

Pour en savoir plus sur le projet de participation des femmes, visitez le site https://womenindisplacement.org/

Ecrit par Liatile Putsoa, responsable des médias et de la communication.

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