Une partie d'un pont emporté par les récentes inondations à Maiduguri, montrant l'ampleur des dégâts sur les infrastructures de l'État. Photo : OIM 2024/Elijah Elaigwu

Nigéria - Au Nigéria, les paysages sereins ont laissé la place à de vastes étendues d'eau. Si le pays n'est pas étranger aux fortes précipitations qui font souvent déborder les cours d'eau, les inondations de cette année ont tout détruit sur leur passage et touché des millions de personnes. Maisons, écoles et terres agricoles ont été submergées, laissant les communautés démunies face à la fureur des éléments

Faire face à la destruction

Sur les 36 États que compte le Nigeria, 31 ont été touchés par les inondations qui ont fait plus de 300 victimes et provoqué le déplacement de 673 000 personnes. Dans tout le pays, les services de base ne peuvent plus être assurés car les infrastructures essentielles, notamment les routes, les marchés, les ponts reliant les communautés, mais aussi les écoles et les maisons, ont été détruites par les eaux.

En outre, selon les estimations, les inondations ont ravagé 850 000 tonnes de récoltes, soit une quantité prévue pour alimenter 8,5 millions de personnes pendant six mois, selon l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).

L'OIM distribue des articles non alimentaires et des kits d'hygiène aux populations déplacées à leur arrivée dans le camp temporaire. Baba est l'une des nouvelles personnes arrivées au camp de Bakassi. Photo : OIM 2024/Elijah Elaigwu

« Une crise dans la crise »

Dans les États de Borno, Adamawa et Yobe, qui ont été les plus durement touchés, les inondations ont provoqué « une crise dans la crise », car des dizaines de sites accueillant des personnes déplacées ont été submergés par les eaux, ce qui a contraint les personnes déplacées à se déplacer à nouveau et dans des conditions parfois encore plus complexes.

Dans l'État de Borno, les écoles publiques et privées ont été temporairement fermées pendant deux semaines à la mi-septembre, l'État étant aux prises avec les conséquences des inondations.

Les femmes et les enfants font partie des populations les plus vulnérables touchées par les inondations. Dans le camp, l'OIM leur apporte un soutien psychosocial pour les aider à faire face à l'expérience traumatisante du déplacement. Photo : OIM 2024/Elijah Elaigwu

Outre l’insécurité alimentaire, les inondations ont augmenté les risques pour la santé publique avec l'apparition et la propagation du choléra au sein des communautés.

Reconstruire sa vie

Alors que les eaux commencent à se retirer dans certaines parties du pays, la tâche colossale de la reconstruction commence. Les familles travaillent sans relâche pour essayer de sauver leurs biens et restent déterminées malgré l'ampleur de la tâche qui les attend.

Au camp de Gubio, les équipes de la CCCM (coordination et de la gestion des camps) de l'OIM sont activement engagées dans la collecte de données et l'analyse d'informations sur la composition des familles, la démographie et les vulnérabilités afin d’obtenir des informations précises sur le nombre de ménages pour une meilleure allocation des ressources. Photo : OIM 2024/Elijah Elaigwu

Depuis le début des inondations, l'OIM travaille en étroite collaboration avec les agences fédérales et étatiques pour apporter un soutien technique et une aide vitale aux personnes les plus touchées. L'OIM a rapidement déployé sa matrice de suivi des déplacements (DTM) pour aider les autorités locales et les acteurs humanitaires, y compris la Croix-Rouge nigériane, à collecter des données dans les zones les plus touchées par les inondations.

Ces données sont essentielles pour adapter au mieux les réponses humanitaires et élaborer les politiques appropriées.

L'équipe DTM de l'OIM continue d’aider le gouvernement grâce à la collecte de données et l'enregistrement des nouveaux arrivants dans le camp. Photo : OIM 2024/Elijah Elaigwu

Par le biais de son service de coordination et de gestion des camps (CCCM), l'OIM aide les acteurs locaux à coordonner et à organiser l'ensemble des opérations d’aide dans les zones touchées par les inondations, en veillant à ce que les ressources soient réparties efficacement et à ce que les besoins des populations déplacées soient satisfaits de manière globale.

L'OIM protège les victimes de la traite d’êtres humains, en leur offrant une assistance complète et des services de soutien pour les aider à se remettre de l’épreuve qu’ils viennent de vivre, à reprendre le contrôle de leur vie et à se réintégrer dans la société en toute sécurité. Photo : OIM 2024/Elijah Elaigwu

Les inondations ont accentué la crise du logement dans le pays, des milliers de personnes ayant perdu leur maison et leurs biens les plus précieux.

L'OIM a débloqué plus de 1,8 million de dollars pour les acteurs locaux par le biais du Fonds de réponse rapide afin de fournir une aide multisectorielle, et notamment des abris, des articles non alimentaires, mais aussi des services de protection pour les femmes et les enfants, et des services de prévention et de réponse à la violence sexiste dans certaines des zones ciblées.

Dans le camp temporaire de Bakassi, l'OIM apporte un soutien essentiel aux populations déplacées, notamment aux personnes comme KaKa. Le camp géré par l'OIM et la NEMA (Agence nationale nigériane de gestion de l'urgence) sert de refuge à ceux qui ont perdu leur maison suite aux récentes inondations à Maiduguri. Photo : OIM 2024/Elijah Elaigwu

Pourtant, cette crise n’est que de la partie émergée de l'iceberg.

La situation évolue encore. Même si les eaux se sont retirées dans certains endroits et que certaines personnes cherchent maintenant à reprendre une vie normale, le pic saison des pluies n’est pas terminé et d’autres potentielles inondations pourraient avoir lieu.

 Histoire racontée par François-Xavier Ada. Photos d’Elijah Elaigwu.

SDG 10 - INÉGALITÉS RÉDUITES
SDG 13 - MESURES RELATIVES À LA LUTTE CONTRE LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES