De graves inondations ont forcé Gul, âgée de 70 ans, à se réfugier dans des villages voisins comme Karez Naw, en Afghanistan. Aujourd’hui, elle se sent en sécurité dans sa propre maison grâce au mur de protection contre les inondations construit dans sa communauté par l’OIM. Photo : OIM/Mohammad Osman Azizi

Herat, Afghanistan – Ce qui était autrefois une communauté dynamique s’est transformé en une ville fantôme, avec des centaines de familles forcées d’abandonner leurs maisons, leurs terres, leurs récoltes, leur bétail et leurs rêves.

La communauté de Shadi Bera à Herat, en Afghanistan, qui compte plus de 400 familles, vit depuis longtemps de l’agriculture. Cependant, les maisons en terre de la communauté étaient fréquemment détruites par les inondations, de plus en plus fréquentes dans le pays en raison du changement climatique.

À Shadi Bera, dans la province d’Herat, plus de 90 % des maisons sont construites en terre et en bois, ce qui les rend très vulnérables aux inondations. Photo : OIM/Mohammad Osman Azizi

Bien que sa contribution aux émissions mondiales de carbone soit minime, l’Afghanistan figure parmi les dix pays les plus touchés par le changement climatique. Depuis 2022, le changement climatique s’est substitué aux conflits comme principal facteur de déplacement interne dans le pays, selon les données de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Déplacements en Afghanistan dus aux conflits et aux catastrophes de 2012 à 2022.

En mai 2024, de fortes pluies ont déclenché des crues soudaines et dévastatrices dans plusieurs provinces d’Afghanistan, détruisant plus de 4 000 maisons et faisant 210 victimes. Ce mois a enregistré plusieurs des inondations les plus meurtrières de l’histoire récente du pays.

« Au printemps, nous sommes confrontés à la poussière et aux inondations ; en hiver, à la neige et au froid », explique Fatima, une habitante de Shadi Bera âgée de 26 ans, qui rêve de travailler un jour dans un salon de beauté. « Une fois, nous avons dû dormir sur notre toit pendant une semaine parce que toute notre maison était submergée, et nous avons passé la nuit sous une bâche, essuyant de fortes pluies jusqu’au matin ».

Les inondations ont détruit la maison et le bétail de Fatima, la rendant si inquiète qu’elle n’a pas pu dormir pendant une semaine. Photo : OIM/Mohammad Osman Azizi

Comme beaucoup d’autres, Fatima et sa famille n’ont pas eu d’autre choix que de déménager dans la ville de Herat, laissant derrière eux tout ce qui se trouvait à Shadi Bera. « Les inondations étaient imprévisibles et pouvaient détruire nos maisons en quelques minutes. Nous nous sentions impuissants et effrayés chaque fois qu’il pleuvait », a-t-elle déclaré.

Les graves sécheresses et inondations se sont accentuées au cours des trois dernières années, touchant désormais plus de la moitié de la population afghane. Ces événements ont provoqué des pénuries d’eau, des dégâts sur les terres, la désertification, l’insécurité alimentaire, des difficultés économiques et des déplacements de populations.

Les graves sécheresses en Afghanistan affectent plus de la moitié de la population, entraînant des déplacements et une insécurité alimentaire. Photo : OIM/Mohammad Osman Azizi

Heureusement, la situation a maintenant changé à Shadi Bera.

Suite à une évaluation, l’OIM a travaillé avec la communauté locale pour construire un mur de protection contre les inondations autour du village.

« Avant, les inondations fréquentes détruisaient souvent mes récoltes. Cette année, grâce au mur, notre production de blé a augmenté de manière significative par rapport à l’année dernière », a déclaré Gul, un membre de la communauté, âgée de 70 ans.

Le mur de protection contre les inondations a réussi à protéger la communauté de Shadi Bera des inondations meurtrières de mai 2024.

Abdullah, un chef de communauté âgé de 75 ans, nous montre l’impact dévastateur des inondations à Shadi Bera. Photo : OIM/Mohammad Osman Azizi

L’OIM travaille avec les communautés à risque pour renforcer la résilience et réduire l’impact des catastrophes en dotant les communautés locales des moyens de mener à la construction de structures de protection contre les inondations comme des murs, des dalots ou buses, des barrages de contrôle, des barrages déversoirs, des digues, des canaux et des voies d’évacuation des eaux de crue. Ces initiatives permettent non seulement d’atténuer les risques de catastrophe, mais aussi de créer des emplois temporaires pour les membres de la communauté.

En outre, l’OIM fournit une formation et du matériel pour les systèmes d’alerte précoce, les premiers secours et les opérations de recherche et de sauvetage de base, renforçant ainsi la préparation aux catastrophes au sein des communautés.

Le mur de protection contre les inondations a redonné vie à la communauté de Shadi Bera. Photos : OIM/Mohammad Osman Azizi

Shadi Bera a connu une transformation remarquable depuis le début de cette initiative. Les familles sont rentrées chez elles et l’économie locale se relance lentement.

« Les inondations ont chassé la quasi-totalité de la population de notre communauté et l’ont forcée à migrer », a indiqué Abdullah, un chef de communauté âgé de 75 ans. « Grâce à ce mur de protection, près de la moitié de la population est revenue et les familles reconstruisent leur vie. Ce mur a également donné à notre communauté la confiance nécessaire pour reprendre les activités d’agriculture et d’élevage ».

Depuis 2013, l’OIM a mis en œuvre 157 projets dans 19 provinces d’Afghanistan, touchant plus de 580 000 personnes. Depuis 2016, plus de 19 650 personnes ont reçu une formation sur la résilience communautaire aux catastrophes, notamment sur les systèmes d’alerte précoce, les premiers secours, les opérations de recherche et de sauvetage ainsi que les compétences de base en matière de construction.

La construction du mur de protection contre les inondations à Shadi Bera a été rendue possible grâce au financement de la KfW Development Bank et du Gouvernement du Japon.

Cet article a été rédigé par Mohammad Osman Azizi et édité par Avand Azeez Agha.

Pour plus d’informations, veuillez contacter : mohamazizi@iom.int

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