Soixante-quinze femmes malgaches arrivent à Madagascar en provenance d'Arabie saoudite, mercredi 9 décembre 2020, via un vol affrété par l'OIM. Photo : OIM/Daniel Silva

Bayarmaa* est bloquée au Viet Nam depuis qu'elle a perdu son emploi à cause de la COVID-19. Affamée et confrontée à des problèmes de logement, cette ressortissante mongole n'a pas pu payer le traitement médical dont elle avait besoin pour une maladie chronique récurrente. Profondément inquiète et frustrée de ne pouvoir aider sa fille, la mère de Bayarmaa, restée au pays, est également tombée malade. 

Jour après jour, la situation de Bayarmaa s'est aggravée jusqu'à ce qu'elle décide de demander l'aide du Ministère mongol des affaires étrangères et de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).

L'impact généralisé de la pandémie de COVID-19 sur la mobilité humaine mondiale en raison des restrictions de voyage, des fermetures des frontières et des mesures de confinement visant à enrayer la propagation du virus a bloqué des millions de migrants, dont Bayarmaa, à travers le monde. 

Dans un rapport de septembre 2020 sur l'impact de la COVID-19 sur les migrants, le Groupe de travail de l'OIM sur le retour pendant la COVID-19 a décrit en détail la situation critique de près de trois millions de migrants bloqués dans le monde. De nombreux autres migrants se seraient retrouvés bloqués au cours des mois suivants. Le Groupe de travail a été créé en réponse au défi complexe que représente l'organisation des retours volontaires pendant la pandémie, et pour aider les missions à relever efficacement ce défi. 

En 2020, l'OIM a facilité le retour volontaire de plus de 50 000 migrants à travers le monde. Plus de 1 000 migrants (53 % de femmes et 47 % d'hommes) ont été soutenus par le Groupe de travail sur le retour pendant la COVID-19 pour rentrer chez eux de manière sûre et digne à l'échelle mondiale.  

Chaque retour a été unique en son genre et a mis en évidence les conditions différentes et extrêmes auxquelles les migrants ont été confrontés dans le contexte de la pandémie de COVID-19 avant leur retour. 

Parmi ceux qui sont rentrés se trouvaient des travailleurs migrants et leur famille, des voyageurs, des étudiants internationaux, des enfants non accompagnés, des femmes enceintes, des personnes âgées, des personnes en situation de handicap, d'autres personnes à la recherche de soins médicaux et des victimes de traite des êtres humains. 

En Chine, la situation de Ronica* n'était pas différente de celle de Bayarmaa. Jeune femme migrante originaire de Jamaïque, elle travaillait comme enseignante dans une école maternelle en Chine jusqu'à ce qu'elle commence à avoir des problèmes de santé mentale et soit hospitalisée. Elle a perdu son emploi, ne lui laissant d'autre choix que de retourner en Jamaïque. Sa maladie a été aggravée par la pandémie de COVID-19, l’empêchant de parcourir sans escorte le long chemin du retour en Jamaïque.

Anna*, une migrante jamaïcaine à Curaçao, a également connu des complications de santé. Elle a dépassé la durée de validité de son permis de séjour et a dû se faire amputer une jambe à cause du diabète, alors que la situation se détériorait autour d'elle. Elle s'est retrouvée en fauteuil roulant, sans source de revenus, sans papiers et sans possibilité de rentrer chez elle.

Une aide humanitaire comprenant un soutien médical et psychosocial, un abri, de la nourriture, des kits d'hygiène et des équipements de protection a été fournie à chaque migrant de retour avant son départ, tout en suivant les recommandations sanitaires les plus strictes en fonction des exigences du pays. 

« ...L'OIM a garanti aux migrants la réalisation de tests de dépistage de la COVID-19 ...de Managua jusqu’au Belize », a déclaré Ana Cecilia Solís, coordonnatrice de projet à l'OIM au Nicaragua. 

Les travailleurs migrants au Moyen-Orient se sont retrouvés dans une situation de plus en plus difficile, avec de moins en moins de possibilités de travail sûr et digne, les laissant dans l'incapacité de payer leur loyer, leur nourriture ou leurs soins de santé. Une évaluation des travailleurs migrants au Liban réalisée au milieu de l'année 2020 par la Matrice de suivi des déplacements (DTM) de l'OIM a révélé qu'environ 70 pour cent des personnes interrogées prévoyaient de rentrer chez elles dans les trois mois à venir.

Kame*, 25 ans, travailleuse domestique originaire de Sierra Leone, a connu plusieurs mois difficiles aux mains de ses employeurs, ce qui l'a conduite en février 2020 à sauter du troisième étage de la maison où elle travaillait, dans la rue en contrebas. Elle a survécu, mais seule et sans travail, elle a vécu dans la misère, la pandémie de coronavirus ayant aggravé les problèmes économiques du Liban. 

« Après avoir sauté, je pensais que j'allais mourir, mais grâce à Dieu, je suis vivante. Je suis très heureuse de rentrer en Éthiopie et d'avoir enfin la chance de revoir ma famille », a-t-elle déclaré avant d'embarquer à bord de son avion. 

Elle est l'un des nombreux travailleurs migrants qui, avec le soutien de l'OIM, ont réussi à rentrer chez eux en toute sécurité.  

Dans le Royaume d'Arabie saoudite, 75 travailleuses migrantes malgaches ont été bloquées pendant près de neuf mois. Certaines avaient perdu leur emploi, se retrouvant du jour au lendemain sans logement, tandis que d'autres avaient dépassé la validité de leur permis de résidence. Grâce au soutien de l'OIM, elles ont réussi à rentrer à Madagascar en décembre, via un vol affrété. Ce mouvement de retour était le troisième de ressortissants malgaches soutenu par l'OIM, après celui de 177 ressortissants du Koweït (juin 2020) et de 54 ressortissants du Liban (octobre 2020).

Certains des migrants, comme Joy*, 23 ans, étaient des victimes de traite qui se sont retrouvées bloquées après s'être échappées. Elle a quitté son domicile en Afrique de l'Ouest, après avoir été dupée par la promesse d'un emploi stable avec des avantages au Liban. Dans l'espoir de trouver un emploi pour subvenir aux besoins de ses parents âgés, elle et sa sœur ont déménagé au Liban, où elles ont été maltraitées, contraintes de faire des heures supplémentaires, mal payées et, parfois, pas payées du tout. 

Elle a réussi à s'échapper et a retrouvé sa sœur, mise à la rue par ses employeurs après l'explosion de Beyrouth en août 2020. Joy et sa sœur étaient épuisées et voulaient rentrer chez elles pour voir leur père qui avait eu une crise cardiaque. 

Pour deux étudiants somaliens, Geedi* et Warsame*, la pandémie les a empêchés d’assister aux cours ou de rentrer chez eux. Ils se sont retrouvés bloqués à Téhéran, où ils poursuivaient leurs études.

Les restrictions de mobilité imposées par la COVID-19 ont aggravé la vulnérabilité de certains migrants et la difficulté à rentrer chez eux. Les partenariats avec les pays d'accueil et de transit ont largement contribué à faciliter leur retour, en veillant à ce que les contrôles sanitaires et autres mesures soient intégrés aux systèmes de gestion des frontières. 

« Suite à l'enregistrement des migrants auprès de l'OIM pour un retour volontaire - et grâce à la coopération avec les autorités gouvernementales à Chypre et au Népal - tout le monde était prêt à aider les migrants bloqués à rentrer chez eux volontairement », a déclaré Natasa Xenophontos Koudouna, responsable du bureau de l'OIM à Chypre. 

Joy et plus d’un millier d’autres migrants bloqués à cause de la pandémie de COVID-19 ont pu retrouver leurs familles grâce à la généreuse contribution du gouvernement allemand au Groupe de travail de l’OIM sur le retour pendant la COVID-19, ainsi qu'au soutien d'autres donateurs tels que le gouvernement américain, l'Union européenne, et les gouvernements suisse, norvégien, britannique et danois.

* Les noms des migrants dans cette histoire ont été modifiés pour protéger leur identité.

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