Mogadiscio, 28 octobre 2022 – Alors que la Somalie connaît sa pire sécheresse depuis quatre décennies, plus de 1,1 million de personnes ont déjà été contraintes de faire leurs valises et de se déplacer vers d'autres régions du pays pour échapper à la soif et à la faim. L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) et ses partenaires apportent aux personnes nouvellement déplacées un soutien essentiel pour les aider à surmonter l'une des expériences les plus difficiles de leur vie.

Ardo Omar, 42 ans, est l'une d'entre elles. Un matin, elle a dû annoncer à ses six enfants qu'ils allaient devoir quitter leur village à Shabeellaha Hoose, dans le sud de la Somalie - un moment qu'elle espérait ne jamais voir arriver. La mère a emmené sa famille pour un long périple à pied jusqu'à Baidoa, dans l’espoir de trouver de la nourriture ou de l'eau car leurs animaux ne fournissaient plus assez de ressources pour leur survie.

Elle n'était pas seule. Le village entier d'Ardo a été dévasté par la sécheresse extrême. Les récoltes de la région et les animaux de ses voisins sont une histoire bien trop familière dans toute la Somalie.

Des personnes déplacées à Daynile, Mogadiscio, reçoivent de l'eau d'un camion, grâce à une opération de l'OIM en septembre. Photo : OIM/Ismail Salad Osman

La plupart des personnes nouvellement déplacées par la sécheresse ont quitté les zones rurales pour se rendre dans des villes comme Baidoa et Mogadiscio. Ces deux villes ont accueilli des populations déplacées au fil des ans, et elles continuent d'être le dernier recours pour de nombreuses personnes ayant besoin d'aide, en raison de la présence permanente d'organisations humanitaires.

Au début, le fait d’arriver à Baidoa n'a pas amélioré la situation de la famille d'Ardo. Ils étaient arrivés dans un endroit qui accueillait déjà des milliers de personnes comme eux. Tous avaient besoin d'un soutien urgent.

« Nous sommes arrivés dans l’établissement de Hagardiid et avons constaté qu'il n'y avait pas non plus assez d'eau pour tout le monde et que les installations sanitaires étaient cassées », a déclaré Ardo depuis son abri de fortune fait de plastique, de tissus et de branches d'arbre à Baidoa.

L'OIM enregistre les personnes pour une distribution de kits d'hygiène et d'eau à Daynile en septembre. Photo : OIM/Ismail Salad Osma

Selon l'OIM, environ 7 000 personnes arrivent chaque semaine à Baidoa et 7 500 autres s'installent chaque semaine à Mogadiscio. Les besoins sont immenses et les ressources sont limitées, ce qui rend difficile de soutenir tous ceux qui sont dans le besoin.

Naima Said a exprimé avec tristesse la faim à laquelle sa famille est confrontée à Daynile, un quartier de Mogadiscio qui abrite un important camp de déplacés pour ceux qui fuient la sécheresse. « Nous ne mangeons qu'un repas par jour depuis que nous sommes arrivés ici ».

L'OIM s’active pour aider les personnes déplacées et vulnérables afin de sauver des vies et d'éviter la famine. Pour y parvenir, l'OIM a lancé une réponse coordonnée avec l'UNICEF, le Programme

alimentaire mondial et d'autres partenaires locaux, connue sous le nom de « Minimum Response Package ». Ce dispositif minimum consiste à sauver la vie des plus vulnérables et comprend de l'eau, des kits d'hygiène, de l'argent, un abri et des compléments nutritionnels.

L'OIM enregistre les personnes pour une distribution de kits d'hygiène et d'eau à Daynile en septembre. Photo : OIM/Ismail Salad Osman

Etant donné que les sources d'eau continuent de se tarir et que les pluies sont insuffisantes, les équipes de l'OIM organisent également des distributions hebdomadaires d'eau par camions dans les zones accueillant le plus grand nombre de déplacés internes, comme Mogadiscio et Baidoa, dans le cadre du dispositif minimum.

« Avant que l'OIM n'approvisionne le site en eau, la situation était terrible. Les gens manquaient d'eau pour boire, se laver et faire cuire les aliments. Mais aujourd'hui, l'eau est abondante chez nous », a déclaré Sureeja, 42 ans, qui vit également à Daynile.

Pendant 30 jours, Sureeja et ses enfants ont reçu 90 litres d'eau potable par jour. Depuis le début du projet, au moins 41 586 personnes ont reçu un minimum de 7,5 litres par jour et par personne.

Une des femmes qui a bénéficié du dispositif de l'OIM à Mogadiscio. Photo : OIM/Ismail Salad Osman

À Daynile, moins de 45 pour cent des habitants ont accès à une eau propre et potable. Le district situé au nord de la capitale est l'une des régions du pays les plus touchées par le choléra et la diarrhée aqueuse aiguë. Des services limités et une augmentation exponentielle du prix de l'eau obligent les femmes et les jeunes filles à parcourir de longues distances à pied jusqu'au point d'eau le plus proche et le plus sûr, ce qui les expose davantage à la violence fondée sur le genre.

Pour les jeunes filles de Naima, l’absence d'installations sanitaires les oblige à partir à la recherche de lieux isolés. Une nécessité à laquelle les personnes ayant accès aux latrines et aux toilettes ne réfléchissent souvent pas à deux fois. « Cette situation les a davantage exposées au harcèlement, aux agressions et à la violence - en particulier à la tombée de la nuit », explique la mère.

Grâce au dispositif minimum, les partenaires élargissent l'accès de la communauté à l'assainissement. Au moins 492 latrines ont été construites à Mogadiscio et 704 autres à Baidoa depuis mai 2022, et au moins 50 000 personnes ont à ce jour bénéficié de ces installations sanitaires améliorées. En outre, des comités d'assainissement communautaires ont été formés pour assurer la durabilité et l’appartenance à la communauté des installations sanitaires nouvellement établies.

Le camp informel de Daynile à Mogadiscio accueille actuellement des dizaines de milliers de personnes déplacées par la grave sécheresse. Photo : OIM/Ismail Salad Osman

« Maintenant que les latrines ont été construites, ma famille et la communauté se sentent protégées des maladies et autres menaces », déclare Naima. Pendant leur séjour à Baidoa, Ardo et sa famille ont reçu des kits d'hygiène.

« Nous distribuons des kits d'hygiène, comprenant des seaux, des jerrycans, des comprimés de purification de l’eau, du savon et des serviettes hygiéniques », explique Ahmed Abdulkadir, membre de l'équipe de l'OIM à Baidoa.

Ces kits d'hygiène permettent d'assurer un bon assainissement et de renforcer la dignité des personnes malgré les circonstances difficiles dans lesquelles elles vivent, notamment pour les femmes et les filles.

Grâce au dispositif de réponse minimum, l'OIM et ses partenaires ont fourni une aide vitale à plus de 27 000 personnes depuis mai 2022 et espèrent atteindre 10 000 autres personnes avant la fin de cette année.

Le projet du MRP est rendu possible grâce au financement généreux du Foreign, Commonwealth & Development Office du Royaume-Uni. L'Union européenne et le Bureau de l’aide humanitaire (BHA) de l'USAID contribuent également au projet.

Texte de Claudia Rosel, responsable des médias et de la communication, OIM Somalie : cbarrios@iom.int

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