Rene et Dora dans leur boulangerie « Good Bread ». Photo : OIM/Bruno Mancinelli

Pacaraima, Brésil – Au lever du jour, la porte de la boulangerie s’ouvre, révélant tout un assortiment de gourmandises appétissantes. La vitrine attire les locaux qui se pressent, repartant avec des sacs remplis de savoureux trésors. Nichée au coin d’une rue de Pacaraima, une ville brésilienne à la frontière avec le Venezuela, elle dégage le charme d’une ville attachée à la devise « Bon Pain ». Avec la promesse fièrement inscrite sur ses murs, le décor est planté pour une journée remplie de délices culinaires. 

Dora et Rene alternent entre l’accueil des clients au comptoir et la confection de fournées de pain frais dans leur cuisine. Cette routine familière est leur vie depuis cinq ans, depuis qu’ils ont pris la difficile décision de quitter le Venezuela avec leurs enfants, quelques précieuses affaires, leurs animaux de compagnie et des équipements de leur précédente entreprise dans une petite caravane, entreprenant un périple qui les mènerait vers un nouveau pays et un nouveau départ. 

Rene et Dora ont quitté le Venezuela il y a cinq ans et se sont installés à Pacaraima, une ville voisine de leur pays d’origine, établissant la boulangerie « Good bread ». Photo : OIM/Bruno Mancinelli

Leur arrivée au Brésil en 2018 est une étape importante qui résonne encore avec émotion. S’adaptant à des coutumes et une culture peu familières, ils ont entrepris de construire progressivement un nouveau foyer dans un lieu inconnu, en travaillant dur pour transformer leur petit espace de vie en une boulangerie et une source de revenus.  

« Nous nous débrouillons bien ici. La migration n’a pas été facile mais je dirais à la Dora d’il y a cinq ans qu’elle a pris la bonne décision. Si nous retournons un jour au Venezuela, je parlerai toujours du Brésil en termes élogieux car la population est très gentille et nous a toujours traités avec respect », confie Rene.  

Au Brésil, l’une des difficultés pour le couple était de comprendre le portugais pour servir les clients. Photo : OIM/Bruno Mancinelli

Au fil du temps, le couple s’est intégré au sein de la communauté, se faisant de nouveaux amis. Leur pain vénézuélien, réputé pour sa qualité, s’est rapidement imposé grâce au bouche-à-oreille et à la fidélité des premiers clients, consolidant son statut de l’un des meilleurs de la ville. Ce succès facilite l’acquisition de leur boulangerie actuelle, qui s’appelle Virgen Maria del Vale. 

« Le produit vénézuélien se distingue nettement de son homologue brésilien, mais c’est notre engagement à faire de la boulangerie qui est à l’origine de notre succès. Nous avons commencé par notre pain à croûte épaisse, qui rappelle celui qui nous faisions au Venezuela. Étonnamment, les locaux l’ont adopté », raconte Rene en parlant du pão de sal, un petit pain très populaire en Amérique du Sud. 

Dora remplit le comptoir d’en-cas salés pour satisfaire les goûts des clients à la fois brésiliens et vénézuéliens de la ville. Photo : OIM/Bruno Mancinelli

Grâce à l’augmentation des ventes, la boulangerie a élargi sa gamme, incorporant les recettes chères à la mère de Rene, notamment le célèbre pain à la noix de coco de leur pays d’origine. Rapidement devenu populaire, cette gourmandise traditionnelle est devenue un délice convoité de la boulangerie. 

Répondant aux préférences locales, le couple s’est adapté au goûts locaux, notamment avec le pão de queijo (pain au fromage), un terme qui leur était au départ inconnu. Après plusieurs expérimentations, Rene a confectionné sa version unique du pain au fromage, une version distincte et délicieuse de la recette traditionnelle. Le menu s’est également enrichi de pain à la croûte fine, à la texture moelleuse et à la croûte dorée, semblable à des pains à hot-dog. 

Les gourmandises vénézuéliennes ont été ajoutées au menu et sont devenues un succès auprès des habitants, devenant un lieu incontournable de Pacaraima. Photo : OIM/Bruno Mancinelli

Chaque nouveauté reflète l’engagement du couple à satisfaire des gouts divers et variés et à créer une expérience boulangère vraiment exceptionnelle.  

« Il nous a fallu nous connaître et comprendre les coutumes brésiliennes. Ce n’était pas facile mais nous avons réussi », déclare Dora. « La pâte à pain est préparée la veille et nous commençons à la cuire à 4 heures du matin pour pouvoir ouvrir la boulangerie à 6h30 et servir du pain frais. À ce moment-là, nous n’avons plus qu’à attendre les clients. » 

Le nouveau lien que la famille a tissé avec la communauté locale est clair dans leurs futurs projets : rester dans la ville frontalière de Pacaraima et soutenir l’expansion de l’entreprise, qui prend déjà forme grâce à la location d’un second espace pour la vente d’en-cas salés.  

La préparation du pain a lieu chaque jour, la pâte repose toute la nuit pour être vendue encore chaude aux clients le matin. Photo : OIM/Bruno Mancinelli

Tandis que l’odeur de leur succès flotte dans l’air, le parcours de Dora et Rene témoigne du pouvoir de la résilience, de la passion et des rêves partagés. Grâce à des miches de pain chaud et des sourires sincères, ils créent une expérience culinaire qui transcende les frontières et rassemble les communautés, incarnant l’esprit d’unité et le langage universel de la nourriture. Les saveurs de la chaleur vénézuélienne ont trouvé une place dans le cœur de la communauté brésilienne. 

Pour l’avenir, le couple espère que le succès de la boulangerie se poursuivra et qu’il permettra l’expansion de la boulangerie. Photo : OIM/Bruno Mancinelli

Écrit par Ana Paula Lima, assistante de projet, OIM Brésil.  

SDG 8 - TRAVAIL DÉCENT ET CROISSANCE ÉCONOMIQUE
SDG 10 - INÉGALITÉS RÉDUITES