Région d’Amhara, 4 novembre 2022 - « Je me suis rendu plusieurs fois en Arabie saoudite en tant que migrant irrégulier. J'étais agriculteur mais je n'avais pas de terre fertile à cultiver et il n'y avait pas de perspectives d'emploi ici à l'époque », confie Usman. Il est l'un des nombreux agriculteurs de son village de Berebeyu, situé à quelque 500 kilomètres de la capitale éthiopienne d'Addis-Abeba, à être aux prises avec les effets dévastateurs des changements climatiques.
La sécheresse en Éthiopie est l'une des pires que le pays ait connues depuis quarante ans. Associée aux inondations saisonnières et à la dégradation des sols, elle oblige de nombreux habitants à migrer de manière irrégulière pour trouver des moyens de subsistance. Malheureusement, cette stratégie d'adaptation conduit de nombreux villageois à revenir à leur point de départ - et au même cycle de frustration qui a motivé leur migration initiale.
Les changements climatiques ne sont pas la seule raison qui pousse de nombreux villageois à se déplacer, mais ils amplifient les insécurités existantes comme la pauvreté et le chômage.
« Moi aussi, j'ai pensé à partir avant. J'ai vu mes voisins construire leur maison après avoir travaillé à l'étranger. Je suis resté parce que je n'ai pas le courage de quitter ma famille », a déclaré Ergo, également agriculteur du village.
Usman et Ergo participent régulièrement aux « Conversations communautaires », une initiative menée par l'OIM qui offre un espace aux membres de la communauté et aux migrants de retour pour se réunir et discuter des dangers de la migration irrégulière et explorer des options de subsistance alternatives. Cette plateforme encourage la responsabilisation des différentes parties prenantes afin de partager les responsabilités et d'encourager la participation des membres de la communauté.
Une grande partie de ces conversations se concentre sur le manque de possibilités de moyens de subsistance. Les membres de la communauté ont ainsi identifié les ressources existantes et ont ensuite travaillé avec l'OIM pour construire un système d'irrigation afin de permettre aux agriculteurs du village de cultiver 50 hectares de terre. Les autorités gouvernementales locales ont également soutenu l'initiative en allouant les terres et en apportant l’expertise.
« Aligné sur les priorités du gouvernement éthiopien et s'attaquant à la vulnérabilité du pays face aux changements climatiques, le soutien aux moyens de subsistance communautaires de l'OIM prend en compte la viabilité environnementale, en se concentrant sur la fourniture d'opportunités pour accroître la résilience des communautés face aux changements climatiques, tout en générant des revenus », Bawele Tchalim, responsable du programme pour l'OIM en Ethiopie.
Plus de 80 pour cent des Ethiopiens vivent dans des zones rurales et dépendent largement de l'agriculture de subsistance pour survir. L'Éthiopie, comme tous les pays de la Corne de l'Afrique, est très vulnérable aux événements climatiques extrêmes, les inondations et les sécheresses étant les dangers les plus courants. La migration induite par les changements climatiques devrait s'aggraver dans les années à venir.
Ce projet, en collaboration avec un partenaire d'exécution local, l'Ethiopian Evangelical Church Mekanysus Development and Social Service Commission, vise à réhabiliter l'environnement tout en soutenant la réintégration des migrants de retour et en fournissant des moyens de subsistance aux membres de la communauté.
Ce projet est rendu possible grâce au soutien généreux du gouvernement néerlandais et de l'UE. Cette histoire a été écrite par Kaye Viray, responsable des médias et de la communication pour l'OIM en Ethiopie.