Kiev, 7 octobre 2021 - Alors que la pandémie de COVID-19 progresse, et après huit années de conflit dans l'est de l'Ukraine, les difficultés de la vie quotidienne des Ukrainiens restent flagrantes ; les conséquences sur la santé mentale des plus vulnérables sont, elles, moins visibles.
L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) aide activement les personnes souffrant de problèmes de santé mentale depuis un certain temps, en mettant en place une ligne téléphonique gratuite de soutien psychologique gérée par quatre opérateurs, sept psychologues et un psychiatre. Plus de 3 400 consultations ont été dispensées au cours de la première année de fonctionnement de la ligne. Les personnes qui appellent sont originaires de toute l'Ukraine, mais la plupart sont des femmes des régions de Donetsk et de Louhansk, touchées par le conflit. Seuls 30 pour cent des appelants durant la première année étaient des hommes.
« La culture du recours à des professionnels de la santé mentale et du soutien psychosocial commence seulement à se développer en Ukraine. Les hommes sont nettement plus hésitants que les femmes car ils expriment rarement leurs sentiments, essayant plutôt de masquer leur stress », a déclaré Anh Nguyen, chef de mission de l'OIM en Ukraine.
Pour encourager davantage d'hommes à solliciter de l'aide, l'OIM a lancé une nouvelle campagne destinée aux hommes et aux garçons, intitulée « Commence à parler, tu te sentiras mieux ».
« Nous voulons montrer qu'il est normal de chercher une aide professionnelle quand on ressent de l'anxiété, de la peur ou de la dépression. Il est important de reconnaître à temps les symptômes de problèmes psychologiques et de ne pas tout garder pour soi », a déclaré M. Nguyen.
Le récent lancement public à Kiev comprenait un jeu de Jenga géant, composé de tuiles portant des messages tels que « Je m'en sortirai », « Tu dois être fort », « Je suis juste fatigué », « Laissez-moi tranquille ». Au fur et à mesure que les blocs sont retirés et que la tour s'effondre, des messages cachés apparaissent, montrant ce qui se passe réellement : « Je n’arrive pas à dormir », « Cela n'a pas de fin », « J'ai peur », « Je ne peux plus supporter cela ».
L'installation de rue fait partie d'une campagne publique financée par le Bureau de la population, des réfugiés et des migrations (PRM) du Département d'État américain.
L'ancien Laker de Los Angeles, Stanislav Medvedenko, était présent pour apporter son soutien.
« Lorsque j'étais joueur de basket professionnel, tout était génial. J'avais tellement d'adrénaline, la vie était pleine de couleurs », a-t-il déclaré. « Mais après plusieurs blessures, j'ai dû mettre un terme à ma carrière sportive. Le monde qui m'entourait est immédiatement devenu monochrome et ma vie a complètement changé. »
Il a des conseils à donner aux hommes qui traversent des périodes difficiles : « Tout d'abord, rappelez-vous que vous pouvez compter sur votre famille. Prenez davantage soin de vos enfants et de votre famille, cela vous aidera beaucoup. Deuxièmement, n'ayez pas peur d'apprendre quelque chose de nouveau et d'explorer le monde. Et troisièmement, n'ayez pas peur de relever de nouveaux défis, comme changer de métier. J'étais sportif professionnel et maintenant je suis fonctionnaire dans le domaine public. J'y suis arrivé et vous le pouvez aussi. »
En inaugurant l'installation de rue, Olha Revuk, vice-ministre de la politique sociale de l'Ukraine, a confirmé que de nombreux Ukrainiens sont confrontés à un stress qui peut entraîner des problèmes de santé mentale supplémentaires.
« Nous constatons une augmentation des violences domestiques, et nous savons que les personnes qui sont vulnérables chez elles peuvent davantage devenir la proie de criminels, notamment dans des situations de traite des êtres humains. Par conséquent, la santé mentale est d'une importance cruciale tant au niveau individuel que sociétal, et elle affecte également la perspective de développement socioéconomique », a-t-elle déclaré.
Renée Lariviere, coordonnatrice régionale pour les réfugiés à l'Ambassade des États-Unis à Kiev, a déclaré que l'aide humanitaire américaine vise à atténuer la souffrance des personnes touchées par le conflit à Donbas.
« J'espère que cette campagne permettra de combattre les stéréotypes sur la santé mentale en Ukraine. Elle montrera aux personnes en difficulté qu'elles ne sont pas seules et leur fera savoir que des ressources sont disponibles pour leur offrir une aide immédiate et sans jugement », a-t-elle déclaré. « Savoir quand demander de l'aide est un signe de force, et non de faiblesse. »
La campagne a déjà un impact : en quelques jours, le nombre d'hommes ayant contacté la ligne d'assistance a augmenté de 60 pour cent. Les principales raisons pour lesquelles ils appellent sont des problèmes avec leur partenaire, un état d'anxiété et de peur, des problèmes avec les enfants, des situations de perte et un manque de motivation.
La précédente campagne publique de l'OIM en Ukraine sur la COVID-19 et la santé mentale a remporté un prestigieux prix SABRE en début d’année.
Cette histoire a été écrite par Varvara Zhluktenko, responsable de l'unité de communication de l'OIM en Ukraine, Email : VZHLUKTENKO@iom.int