En plus des effets désastreux de la COVID-19 sur notre santé physique, les Nations Unies ont mis en garde contre une épidémie mondiale de troubles de santé mentale qui pourrait perdurer pendant des générations. Cette question a été abordée dans la récente note de politique générale du Secrétaire général intitulé « COVID-19 et la nécessité d'agir pour la santé mentale ».
Cet appel a trouvé un écho dans les rues enneigées de l'Ukraine, où des masques bleus géants installés sur les places principales ont attiré l'attention sur l'aspect santé mentale de la crise actuelle.
« Portez votre masque, ne masquez pas vos sentiments » était le slogan accompagnant l'exposition de rue de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) dans les deux plus grandes villes, Kiev et Kharkiv.
Les passants prennent des photos et des selfies, ce qui a contribué à populariser l'exposition dans les médias sociaux.
Elle comporte également le numéro d'une ligne téléphonique gratuite de soutien psychologique, gérée par l'OIM et financée, comme l'ensemble de l'action, par le Bureau de la population, des réfugiés et des migrations (PRM) du Département d'État des Etats-Unis.
En plus des canaux traditionnels de la campagne (panneaux d'affichage, articles dans les médias traditionnels et sociaux, télévision et radio), plusieurs artistes ukrainiens ont conçu des affiches mettant en avant la nécessité de porter un masque et indiquant le numéro de la ligne téléphonique de soutien psychologique de l'OIM.
Les affiches sont disponibles au téléchargement pour les magasins, en particulier les pharmacies, et le grand public.
« La question de la santé mentale est trop importante pour être ignorée », déclare le Dr. Risatul Islam de l'OIM.
L'action « Ne masquez pas vos sentiments » a été le point fort de notre campagne. Des dizaines de médias et des milliers d'affiches dans les médias sociaux ont décuplé la portée de notre campagne dans tout le pays. Un masque est devenu un mème, et nous avons obtenu ce que nous espérions : entamer une véritable conversation sur la santé mentale et l'importance du bien-être psychologique ».
Depuis son lancement, la ligne d’assistance téléphonique a reçu plus de 1 000 appels de tout le pays, la plupart provenant des régions de Donetsk et de Louhansk, qui sont au cœur du projet finançant la ligne téléphonique. Un nombre similaire de séances de thérapie a été dispensé par des psychologues. Les gens confient surtout souffrir d'anxiété et de peur, d’avoir des problèmes avec leur partenaire et leurs enfants, qui ont été exacerbés en raison de la quarantaine et de l'isolement.
Comme dans de nombreux autres pays, la pandémie touche de manière disproportionnée les plus vulnérables en Ukraine.
Au début de l'année 2020, les signalements faisant état de problèmes psychologiques se sont multipliés alors que les communautés touchées par le conflit se sont trouvées confrontées aux incertitudes supplémentaires engendrées par l’arrivée de la pandémie et ses effets sur les vulnérabilités existantes. L'impact sur les personnes âgées dans l'est de l'Ukraine touché par le conflit est dévastateur. La plupart d'entre elles vivent avec de maigres pensions et sont de plus en plus isolées.
Le confinement et la distanciation physique ont été tout aussi désastreux pour l'économie des petites communautés, avec des conséquences prévisibles sur le bien-être et la santé mentale des personnes. Les données de l'OIM montrent que, parmi les personnes déplacées, 70 pour cent des familles dirigées par une femme ont juste assez d'argent pour se nourrir et nourrir leurs enfants. Rien de plus. Les femmes assument des rôles supplémentaires au sein de la famille, ce qui a été amplifié par la fermeture des écoles et des institutions sociales.
En novembre 2020, la Ministre ukrainienne de la politique sociale a déclaré que le nombre de cas de violence domestique signalés avait augmenté de 66 pour cent au cours de l'année. Elle a établi un lien entre cette tendance inquiétante et la pandémie.
Par Varvara Zhluktenko et Joe Lowry.